Un match incroyable ! Une propagande pour le basket féminin ! Ce sont les expressions les plus appropriées pour décrire la finale de la Coupe de Belgique féminine, disputée en ce lundi de Pâques dans la minuscule salle de Boom.
L’avantage d’une petite salle, c’est qu’elle est rapidement remplie. Celle de Boom a été prise d’assaut, une heure avant le coup d’envoi, par des supporters colorés et bien en voix. Et comme, dans cette salle particulière, la caisse de résonnance est assez élevée, il est apparu évident que l’on allait avoir droit à une chouette ambiance.
Dès le début du match, on s’est aussi rendu compte que l’on allait assister à une chouette finale. Le Belfius Namur-Capitale était déterminé à vendre chèrement sa peau face à l’ogre du Mithra Castors Braine : 24-24 après dix minutes, 44-42 à la mi-temps. On était encore loin, cependant, de se douter qu’on allait vivre un scénario aussi invraisemblable.
Car, dans le troisième quart-temps, Braine s’est échappé : 48-63, puis 53-69 après 30 minutes. La messe était dite, c’était clair pour tout le monde. On ne refait pas un tel écart en dix minutes, c’est évident. Et encore moins face à une équipe comme les Castors.
Mais impossible n’est pas Namurois. Les joueuses de Sébastien Dufour ont eu le mérite de ne pas abdiquer. Et, progressivement, elles ont refait leur retard : 61-69, 66-72, 72-76, 76-79 et… 79-79 ! Se dirigeait-on vers une prolongation ? Non ! Car, à cinq secondes de la fin, l’ex-internationale serbe Maja Miljkovic a hérité de deux lancers-francs. Elle a converti le premier et loupé le deuxième : 80-79 ! « Je ne l’ai pas fait exprès de louper le deuxième lancer-franc », assure-t-elle. « C’est vrai qu’un moment, l’idée m’a effleuré l’esprit. Car, effectivement, lorsque le ballon rebondit sur l’anneau, il s’écoule parfois une ou deux secondes avant qu’une joueuse puisse le récupérer. Mais ici, il restait tout de même cinq secondes au chrono. C’était risqué. Heureusement, mon raté n’a pas porté à conséquence. C’est incroyable. »
Maja Miljkovic en a vu d’autres. En 2005, elle a remporté la médaille d’or au Championnat du Monde avec l’équipe nationale serbe U18. « J’ai aussi remporté une médaille d’argent, plus tard. Et j’ai joué pour l’équipe A de Serbie également. Tous les succès sont beaux, et ils ont tous une saveur différente. Aujourd’hui, je suis tout simplement heureuse. »
En 34 minutes, Miljkovic a rentré une feuille de statistiques de 20 points (à du 87% de réussite !), 4 assists et 5 interceptions. Astou Traoré, elle, a encore marqué davantage : 25 points. Elle n’en revenait pas. « 25 points, vraiment ? Je ne m’en suis même pas rendu compte. Mais l’essentiel, c’est la victoire. Lorsqu’on a pris l’eau dans le troisième quart-temps, on a eu le mérite de garder la tête froide. On savait que, s’il y avait un match à gagner, c’était celui-ci. On n’a jamais baissé les bras. »
La capitaine Djenebou Cissoko, qui a participé aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin avec le Mali, a été très utile au rebond : 14 prises, et 12 points aussi.
Mais la plus heureuse était sans doute Antonia Delaere. « Jouer ici, et gagner ici, c’est vraiment très spécial pour moi », jubile-t-elle. « J’ai joué dix ans à Boom, toute ma famille était là. En outre, je sors d’une saison un peu compliquée. Je reviens d’une longue blessure, j’ai connu des hauts et des bas, et ce n’est que maintenant que je retrouve progressivement mon meilleur niveau. S’imposer dans ces conditions, au terme d’un scénario pareil, c’est tout bonnement incroyable. »
Un scénario incroyable que le coach Sébastien Defour tente, tant bien que mal, d’expliquer. « Que s’est-il passé dans le troisième quart-temps ? Nos tirs ne sont plus rentrés, et nous avons manqué d’agressivité en défense, en permettant aux Castors de développer leurs contre-attaques. Dans le quatrième quart-temps, nous avons retrouvé notre adresse. Nous avons aussi su nous montrer patients, nous n’avons pas essayé de refaire notre retard en trois minutes. Et, surtout, nous avons fait preuve d’une solidarité exemplaire. »
Le Belfius Namur-Capitale a infligé au Mithra Castors Braine sa première défaite de la saison face à un club belge. Les Namuroises ont, par la même occasion, remporté le premier trophée de la saison. Et affiché leurs ambitions pour les play-offs. Mais, avant de songer à la phase finale du championnat, elles voulaient d’abord savourer. Elles se rendaient compte, aussi, que s’il est compliqué de battre Braine sur un match, ce l’est encore plus dans une série de best–of–three où l’on n’a pas, en outre, l’avantage du terrain. Elles savent aussi que les Castors étaient privées d’Ashley Key et qu’elles s’étaient séparées de Logupova. Mais Braine a désormais un vrai rival sur le plan national, capable de le bousculer et même de le battre.
Daniel Devos