Au départ d’une saison, la présence du BC Filou Ostende en finale de la Coupe de Belgique est déjà quasiment assurée. Les Côtiers ont vécu quasiment toutes les apothéoses des dix dernières années, sauf l’an passé où Anvers a battu Charleroi à Forest National : le dernier match avec public.
Cette année, Ostende sera encore présent : ce sera le 21 mars, dans un lieu qui reste à déterminer. Le tirage au sort avait cependant réservé un parcours compliqué aux hommes de Dario Gjergja. A commencer par les Antwerp Giants en quart de finale : une finale avant la lettre, en quelque sorte. Peu importe : ils ont renvoyé leurs adversaires à leurs chères études en deux manches sèches, sans trembler.
En demi-finale, c’est l’Okapi Alost qui se présentait sur la route des Côtiers : peut-être l’équipe la plus en forme du moment. Mais l’issue des débats était déjà connue au terme de la première manche, remportée 101-76 par le BCO. Le match retour, conclu sur une égalité 84-84, s’est joué pour l’honneur.
L’autre partie de tableau faisait la part belle aux outsiders. Et c’est finalement Kangoeroes Basket Mechelen qui a tiré le gros lot. Au terme d’un double affrontement avec les Stella Artois Leuven Bears qui a eu des allures… contrastées.
Louvain ne gardait pas un bon souvenir de sa première visite au Winketkaai, où il s’était incliné 79-60 en championnat après une prestation plutôt terne. Mais, pour cette demi-finale de coupe, les Louvanistes sont apparus métamorphosés et se sont imposés 70-79. Qu’y a-t-il eu de changé ? Les joueurs avaient-ils affiché une meilleure mentalité ? Le remplacement du guard Randy Haynes par le jeune centre (ou plutôt powar forward, car il est capable de tirer à trois points) Ryan Kriener a-t-il apporté un meilleur équilibre à l’équipe ? « Notre équipe est jeune, et connait des hauts et des bas. La mentalité a toujours été très bonne », affirmait ce soir-là Eddy Casteels. « Quant à Ryan Kriener, nous essayons de l’intégrer dans le processus du club, qui vise la continuité, y compris dans l’optique de la Beneleague qui prendra son envol la saison prochaine. »
Louvain semblait avoir pris une belle option sur la qualification, face à des Kangoeroes qui étaient également apparus métamorphosés, mais dans le mauvais sens. Là où le stress semblait avoir été transformé en énergie positive par les Louvanistes, il avait agi négativement sur les Malinois. Mais Eddy Casteels se méfiait. « Je sais ce dont les Kangoeroes sont capables en déplacement », prévenait-il. « Ils l’ont démontré en allant gagner à Charleroi, au Limbourg en demi-finale de la Coupe de Belgique et… chez nous. Je n’ai pas oublié, non plus, la terrible défaite 58-88 que nous avons subie en championnat contre Alost, récemment. Si nous reproduisons une prestation comme celle-là, nous n’avons aucune chance. »
C’était plus qu’un pressentiment. Les Kangoeroes, qui n’avaient plus rien à perdre après leur défaite du match aller, se sont libérés (même s’ils ont été menés 5-0 et 9-3 en début de match), tandis que les Louvanistes sont apparus paralysés par le stress et la perspective de cette finale qui leur tendait les bras. En fait, aucune des deux équipes n’a bien joué, surtout en première mi-temps sifflée sur le score abominable de… 20-31 (et pas uniquement à cause de la défense). Le pourcentage de réussite à trois points était abominable : 1 sur 10 pour Louvain, 3 sur 17 pour Malines. En deuxième mi-temps, voyant que leur avantage s’accroissait et que la finale ne pouvait plus leur échapper, les Kangoeroes se sont enfin libérés et ont parfois produit du très beau basket, pour terminer en roue libre et s’imposer sur le score improbable de 53-84.
« C’est l’une de plus grosses déceptions de ma carrière », a déclaré Eddy Casteels. « Ce qui a fait la différence ? La mentalité ! » Ah bon ? C’était donc quand même une question de mentalité ? « Oui enfin : quand, vendredi, je parlais de la mentalité qui avait toujours été très bonne, je voulais parler de l’éthique de travail : l’implication à l’entraînement, etc. Mais en match, il faut aussi afficher une mentalité de vainqueur. »
Pour les Kangoeroes, atteindre la finale est un accomplissement qui pourrait leur donner un fameux boost. Le président Luc Katra avait repris l’équipe en 3eProvinciale, il y a 20 ans, puis avait gravi les échelons chaque année pour se poser quelques années en D2, au Sporthal De Schalk à Willebroek, avant d’effectuer le grand saut vers l’EuroMillions Basketball League et émigrer vers Malines où la ville, nostalgique du grand Racing, a promis une nouvelle salle.
Mais avec quelle chance de réussite Kangoeroes aborderont-ils la finale ? « Si vous voulez mon avis, elles sont très minces », reconnaît Rik Samaey, dix fois Joueur de l’Année et ancien joueur d’Ostende… et de Malines. « Mais il y en a toujours une, puisqu’on commence le match à 0-0. Et cette chance, aussi petite soit-il, il faudra la saisir. »
DanielDevos