Catégories
info

BILAN EUROBASKET 2013 : Nos lions fatigués mais heureux !

Inforbasket était présent à Ljubljana du début à la fin du Championnat d’Europe. Voici le bilan qu’il en a tiré, du point de vue « belge ».

  1. 1.     Les Lions ont rugi de plaisir.  On en rêvait sans oser le clamer trop haut. Mais le deuxième tour, secret espoir de toute la délégation, a été atteint. Tout avait pourtant mal débuté, par une défaite cruelle contre l’Ukraine : un match perdu d’un point, à trois secondes de la fin, alors que l’on avait mené durant 37 minutes. Un scénario qui rappelait d’autres mauvais souvenirs : ceux de Klaipeda, où l’on avait plusieurs fois flirté avec la victoire il y a deux ans, ou pour les plus anciens, une défaite d’un point également contre l’Estonie qui nous avait privé des quarts de finale à Berlin en 1993. Mais les Lions ont su réagir, en battant l’Allemagne (pourtant victorieuse de la France la veille) après prolongation, puis la Grande-Bretagne dans la foulée. Il « suffisait » alors de battre Israël pour accéder au deuxième tour. Mais les Lions ont alors connu un off-day alors que les Israéliens connaissaient un jour de grâce. Les circonstances, heureusement, nous ont été favorables : grâce à la victoire de l’Ukraine sur la Grande-Bretagne et à celle de l’Allemagne (pourtant mathématiquement éliminée, mais qui a joué le jeu) sur Israël, nous avions notre billet pour le deuxième tour en poche avant même d’affronter la France lors du dernier match de la poule. Ensuite, on a fait douter la Serbie (il n’y avait que deux points d’écart à 2min30 de la fin) et on a pris l’eau contre la Lituanie, trop forte pour nous. Puis, contre la Lettonie, on s’est retrouvé dans la même situation que l’Allemagne : on était mathématiquement éliminé au coup d’envoi, mais on a joué le jeu et gagné. Au-delà d’une troisième victoire qui fait du bien au moral et permet de terminer 5e de la poule plutôt que 6e, on a gagné le respect. « Il fallait être correct vis-à-vis de tout le monde », a expliqué Eddy Casteels. « Vis-à-vis de la Lettonie mais aussi de l’Ukraine et plus généralement des amateurs de basket. » Les Lions pouvaient rentrer au pays la tête haute. Fourbus mais heureux.
  2. 2.     Gagner dans la douleur. Quand on n’est pas le plus fort, il faut être le plus malin : c’est connu. Les Lions ont donc dû déployer des trésors d’ingéniosité et d’énergie pour réussir à remporter des victoires. La clef, c’était une défense agressive, un pressing tout terrain, la recherche de paniers faciles en contre-attaque, puis le travail offensif et la circulation du ballon pour trouver des ouvertures. « On ne peut pas se permettre de jouer comme la Lettonie ou la Finlande, en songeant d’abord à l’attaque et puis après à la défense », souligne Eddy Casteels. Rien n’a été facile, chaque victoire a été forgée dans la douleur. Contre l’Allemagne, on a mené pendant 36 minutes et avec un écart maximal de 15 points, mais on n’a dû notre salut qu’à une prolongation. Contre la Grande-Bretagne, on a été mené de 7 points avant d’émerger sur la fin. Contre la Lettonie, on a également souffert jusqu’au bout. On a aussi mené de 15 points contre la France, futur champion d’Europe. En fait, dans chaque match, on a été capable de tenir la dragée haute aux meilleurs pendant une certaine période mais jamais pendant 40 minutes. Nos chances de succès dépendaient des capacités de l’adversaire à revenir, voire à nous lâcher, durant les 10 ou 15 minutes de sècheresse que nous connaissions immanquablement à chaque match.
  3. 3.     Axel Hervelle, l’âme de l’équipe. Eddy Casteels ne tarit pas d’éloges à propos d’Axel Hervelle. « C’est pour lui qu’on voulait absolument retourner à l’Euro après celui de 2011, qu’on avait dû disputer sans lui. C’est lui qui, grâce à son implication, a hissé les Lions vers les sommets. Son engagement me fascine. Lorsqu’il entre dans le vestiaire, il est déjà concentré sur son match. Et, lorsque l’on a regardé un match de la Slovénie à la télévision, il réagissait alors que d’autres (que je ne citerai pas) s’endormaient devant leur écran. » Hervelle est le seul Belge qui apparaît dans les statistiques individuelles à l’issue du tournoi : il est 4e rebondeur avec 7.9 prises par match (devant Marc Gasol , 5e avec 7.8 prises).
  4. 4.     Eddy Casteels, énigmatique mais  sensible. Le coach des Belgian Lions, énigmatique avec son regard froid, est en réalité un homme sensible. On sent qu’il est fier de se trouver, lors des conférences de presse, aux côtés de coaches prestigieux comme Mike Fratello ou Dusan Ivkovic. Les compliments le touchent également, s’ils viennent de personnes compétentes. « A l’hôtel, j’ai été abordé par des représentants slovènes, ukrainiens et autres qui m’ont dit : -Ce que vous avez réalisé là avec la Belgique, waw ! ». Il est actuellement sans club, mais ne se tracasse pas. Dans l’immédiat, il a surtout besoin de souffler. « Voilà neuf ans que j’enchaîne club et équipe nationale. Le jeu en valait la chandelle, car on a réalisé quelque chose. Mais je ne suis pas un robot. Je me souviens d’une année où je suis rentré de l’équipe nationale un dimanche soir. J’ai juste eu le temps de déguster un petit verre de vin en compagnie de mon épouse. Le lendemain matin, je devais repartir pour Vittel où Anvers était en stage et où je devais donner trois entraînements par jour. » Que deviendra-t-il ? « Vous savez que j’ai refusé des offres avant l’Euro, car je ne pouvais pas lâcher les Lions. Maintenant, j’ai été contacté par deux pays qui aimeraient atteindre le niveau que la Belgique vient d’atteindre. » Mais son cœur le porte davantage vers les Lions. « Ce n’est pas à moi de décider si je peux continuer ou pas. »
  5. 5.     Une wild card pour la Belgique ? Cette qualification pour le deuxième tour, formidable en soi, laisse malgré tout un petit regret : ce fameux match d’ouverture contre l’Ukraine, que l’on a mené du début à la fin avant de perdre à trois secondes de la fin, aurait pu nous permettre d’accéder aux quarts de finale (avec  7 chances sur 8 de se qualifier pour le Championnat du Monde 2014, ce que l’Ukraine a réussi). Il reste toutefois une petite chance : quatre wild cards sont encore disponibles. L’une d’elles pourrait-elle revenir à la Belgique en tant, par exemple, de Most Improved Team ou révélation de l’Euro ? « Il ne faut pas rêver », prévient Cyriel Coomans, pourtant président de FIBA Europe et… Belge. « De grands pays ont loupé la qualification : la Russie, la Grèce, l’Allemagne mais aussi, sur d’autres continents, le Sénégal, le Brésil ou la Chine. La Belgique représente un trop petit marché. » Ce sont donc des critères économiques davantage que sportifs qui prévalent, mais cela, on s’en doutait.
  6. 6.     Le lapsus de l’ambassadeur . Le 10 septembre, toute la délégation belge était invitée par l’ambassadeur de Belgique en Slovénie. Lors de son speech, l’ambassadeur a tenu à féliciter le… football belge pour sa qualification. Il s’est immédiatement rendu compte de son lapsus : il est apparu très gêné. Le lapsus, pas bien méchant, est toutefois révélateur : il montre que le basket n’a pas encore conquis ses lettres de noblesse dans notre pays, au contraire des Diables Rouges.
  7. 7.     Renaud Geller, présent lui aussi. L’arbitre liégeois a, notamment, dirigé Grèce-Turquie au premier tour. Puis, deux matchs du deuxième tour. Après, on ne l’a plus revu, alors que d’autres noms revenaient régulièrement. Le signe, sans doute, que l’arbitrage belge n’est pas tout à fait au top.
  8. 8.     Cyriel Coomans, pas candidat à sa propre succession. Notre compatriote Cyriel Coomans est, depuis juin, le président faisant fonction de FIBA Europe. A ce titre, c’est lui qui a remis la coupe du vainqueur à Boris Diaw, capitaine de l’équipe de France, et lui aussi qui a présidé aux différentes conférences de presse organisées à Ljubljana. Il a accédé à ce poste après le décès inopiné de l’Islandais Olafur Rafnsson, en juin. « J’avais encore pris un verre avec lui, le midi, lors de notre réunion à Zurich. Le soir, on l’a retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel », se souvient Coomans qui restera président jusqu’en juin 2014, lorsque des élections seront organisées. « Je ne suis pas candidat à ma succession », annonce-t-il déjà.
  9. 9.     Et l’avenir ?  Jacques Stas lui-même l’a souligné : il faudra sans doute attendre encore longtemps avant de voir la Belgique obtenir à nouveau un tel résultat. Certains cadres de l’équipe ne sont plus tout jeunes et la relève ne semble pas prête. Pourtant, Casteels n’est pas aussi pessimiste. « Des joueurs qui n’étaient pas encore présents vont mûrir et seront sans doute prêts dans quelques années : Pierre-Antoine Gillet, Jean Salumu et d’autres. Quentin Serron a pu goûter à son premier Euro : il a beaucoup appris et c’est un travailleur, à la mentalité exemplaire. Jean-Marc Mwema est, selon moi, capable de prendre la relève de Roel Moors, par son physique et son abattage. Roel Moors et Christophe Beghin auront, c’est vrai, 36 ans en 2015. Mais Sam Van Rossom, Jonathan Tabu ou Axel Hervelle n’en auront que 29 ou 30, ils ne seront pas finis, loin de là. »
  10. 10.  Vincent Kesteloot, All Star U18. La plupart des journalistes belges étaient déjà rentrés au pays à ce moment-là, mais la veille de la finale, la FIBA avait organisé un All Star Game pour les U18. Et l’on a eu le plaisir d’y voir un Belge, Vincent Kesteloot, qui avait brillé lors de l’Euro U18 en juillet. C’est un Anversois, qui évolue à Sint-Jan en D2. Un garçon humble, qui ne répond pas au profil caractériel que l’on se fait habituellement des Métropolitains. Le jeune homme a bien tiré son épingle du jeu : 6 points et 5 rebonds en 18 minutes de jeu. Il a eu l’impression de vivre un rêve éveillé. « C’est incroyable, de jouer ici à Ljubljana, aux côtés de futures stars du basket européen, issues de vrais pays de  basket : ex-Yougoslavie, Grèce ou Turquie. » Voilà déjà un élément de réponse à la question de l’avenir des Belgian Lions.

Daniel Devos

Laisser un commentaire