Ce vendredi, Fulvio Bastianini est retourné au Betfirst Liège Basket pour la première fois depuis qu’il est devenu le coach du Proximus Spirou Charleroi. Un match chargé d’émotion ? « Surtout un match qu’il fallait gagner. On y est parvenu, grâce à une bonne deuxième mi-temps, et c’est une belle victoire car c’était un match piège. Après, c’était un déplacement que j’ai effectué avec beaucoup de plaisir. J’ai passé cinq années là-bas, cinq très belles années, et j’ai beaucoup apprécié les personnes avec lesquelles j’ai travaillé. Je pense, d’ailleurs, que c’est réciproque. J’ai retrouvé des amis au Country Hall. »
Un retour qui a bien failli ne pas se produire. Il y a 15 jours, après une défaite humiliante subie à domicile des œuvres des Kangoeroes de Willebroek, Bastianini avait présenté sa démission… qui a été refusée par la direction. Depuis, le Spirou a enchaîné par quatre succès d’affilée, dans des matches pourtant compliqués : au Partizan Belgrade, au Belfius Mons-Hainaut, face au Stelmet Zielona Gora et donc ce vendredi sur les hauteurs de Liège. Y a-t-il un lien de cause à effet ? « Probablement. Suite à ma démission, la direction a poussé un coup de gueule et placé les joueurs devant leurs responsabilités. Ils ont réagi, je l’ai remarqué aux entraînements comme en match. »
En présentant sa démission, Bastianini a pris un risque. Lorsqu’il a quitté Liège, il était arrivé au terme de son congé sans solde de cinq ans à la Ville de Charleroi. Il a accepté la proposition du Spirou, qui lui proposait un contrat de trois ans… auquel il aurait donc renoncé, après quelques mois à peine. « Cela, je m’en fous. Je veux rester droit dans mes bottes et conséquent avec moi-même. J’ai toujours pris mes responsabilités dans la vie et je continuerai à le faire, peu importent les conséquences. »
Cette démission était-elle destinée à provoquer à électrochoc ou résultait-elle d’un constat d’échec de la part du coach, qui ne trouvait aucune solution pour relancer l’équipe ? « Les blessures et l’absence des internationaux pendant la préparation peuvent expliquer un début de saison laborieux. Mais, à un moment donné, on ne peut plus se retrancher derrière cette excuse. C’est moi qui ai choisi les joueurs, donc je porte ma part de responsabilité si cela ne fonctionne pas. Mais les joueurs, eux, n’avaient pas compris que si je les avais choisis, ils devaient en quelque sorte me remercier en se donnant à fond et en mouillant leur maillot. Ce n’était pas le cas. Certains préféraient se faire plaisir en attaque plutôt que se retrousser les manches en défense. Ils n’avaient pas compris non plus qu’ils étaient redevables vis-à-vis d’une personne (NDLR : le nouveau président Gabriel Jean) qui a beaucoup investi pour sauver un club au bord de la faillite. Sans lui, ils ne seraient pas ici. Le renouveau du Spirou passe par des joueurs belges, une proximité avec le public, un côté humain et une convivialité. C’est l’option voulue par la nouvelle direction. Je pense qu’après la mise au point effectuée, les joueurs ont enfin compris le message. Ils ont mis leur ego de côté et se sont placés au service du collectif. Mais ils doivent maintenant confirmer qu’ils ont définitivement rangé leurs mauvaises habitudes au placard.»
Daniel Devos (photo : Philippe Collin)