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Interview

Jean-Marc Jaumin : Le Tigre est devenu un Lion

Jean-Marc Jaumin est de retour en Belgique. Il restera jusqu’au 5 septembre, mais pas au-delà. Il aurait bien aimé assister Eddy Casteels lors de la campagne de qualification des Belgian Lions, mais il sera alors réquisitionné par son nouvel employeur, d’autres Lions : ceux de Genève. D’ici là, il entraînera les Young Lions, qui participeront du 5 au 7 juillet à un tournoi à Saint-Nicolas en compagnie de l’équipe nationale U20 et de leurs homologues néerlandais. Ces jeunes joueurs doivent constituer le réservoir pour les futurs internationaux.

Nous en avons profité pour dresser le bilan de sa première expérience en Suisse, à la tête des Tigres de Lugano qui ont terminé à la 5e place du championnat (et atteint les demi-finales des play-offs).

Jean-Marc, comment s’est passée cette saison en Suisse ?

J.M.J. : « Ce fut assez difficile. Avant de signer là-bas, je m’étais renseigné sur les Tigres de Lugano. On m’avait assuré que c’était une très bonne équipe, et effectivement, elle compte 23 trophées (championnat et coupe) à son palmarès. Mais, lorsque j’ai débarqué, l’effectif était déjà formé (entre autres par Thibaut Petit). Je trouvais qu’il manquait à la fois d’équilibre, d’expérience, de créativité et de talent. J’ai fait signer Travis Walker, un beau bébé de 116 kilos toujours capable d’enfiler 15 points et 15 rebonds, et Derek Stockalper, un Américain naturalisé suisse. Malheureusement, Walker s’est blessé en milieu de saison et j’ai aussi perdu mon meilleur joueur suisse pour trois mois. »

Dans ces conditions, terminer à la 5e place est sans doute un beau résultat ?

J.M.J. : « A quelques journées de la fin, on pouvait même prétendre à la 2e ou 3e place, mais on avait un calendrier très délicat à négocier dans les dernières semaines. Malgré tout, nous nous sommes hissés en demi-finale des play-offs en éliminant Monthey sans avoir l’avantage du terrain. Monthey est coaché par un certain Niksa Bavcevic, bien connu en Belgique. Je peux vous dire qu’il n’était pas très content d’avoir été éliminé ! »

La saison prochaine, vous entraînerez les Lions de Genève où vous avez signé pour deux ans. C’est un pas en avant ?

J.M.J. : « J’ai quasiment reçu carte blanche pour élaborer le nouveau projet. Je peux me charger du recrutement, mais on m’a aussi confié le lancement d’une académie. Je compte m’inspirer de ce que réalise Ostende en Belgique. Mon assistant sera le coach de la deuxième équipe. Genève reste sur une saison difficile, et s’est séparé de son coach Ivan Rudez (le frère de Damjan Rudez), mais est considéré comme un très bon club en Suisse, peut-être le meilleur. En outre, l’aéroport est tout proche, ce sera pratique pour mon épouse lorsqu’elle viendra me rejoindre le week-end. Pour venir à Lugano, il fallait toujours passer par Milan… même si, avec les vols low-cost, ce n’était pas très onéreux. »

Fribourg a réalisé le doublé coupe-championnat ?

J.M.J. : « Oui, ce club domine depuis une dizaine d’années. Mais je me pose parfois des questions : en coupe, ils se qualifient toujours pour la finale sans jamais devoir affronter un club de D1 en déplacement. A mon avis, il doit y avoir des boules chaudes et des boules froides dans le bocal… » (sic)

A quoi ressemble le championnat de Suisse ?

J.M.J. : « Le style de jeu est comparable à ce que l’on retrouve aux Pays-Bas. Cela court et cela shoote dans tous les sens. Il n’y a que trois joueurs américains autorisés (ce chiffre sera porté à quatre la saison prochaine), mais ils jouent tous 35 ou 40 minutes et ne laissent que les miettes aux joueurs suisses. De ce fait, le niveau des joueurs suisses a fortement baissé. »

La Suisse figure dans le même groupe que les Belgian Lions, pour le tournoi de qualification à l’Euro 2017. Faut-il malgré tout s’en méfier ?

J.M.J. : « Oui, il faut s’en méfier. Eddy Casteels n’a sans doute pas oublié qu’il y a quelques années, les Belgian Lions avaient été battus en Suisse et que cette défaite avait failli compromettre la qualification. Le jeu intérieur des Suisses est assez faible, mais ils sont dangereux à toutes les autres positions. Ce sont tous d’excellents shooteurs, et lorsqu’ils ont la main chaude, cela peut faire mal. Le jeune arrière Jonathan Kazadi, MVP de la finale des play-offs, vient de signer à Orléans, c’est tout de même une référence. Si la Belgique joue son jeu habituel, avec sa défense agressive et son pressing tout terrain, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais la Suisse fait le maximum pour essayer de convaincre ses deux joueurs NBA, Thabo Sefolosha et Clint Capela, de rejoindre la sélection. S’ils sont là, cela peut changer la donne. »

Daniel Devos

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