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Pourquoi Castors Braine a-t-il perdu la finale ?

Castors Braine n’est donc pas devenu le premier club de basket belge à remporter une Coupe d’Europe. Victorieuses 64-68 à l’aller à Villeneuve d’Ascq, les Brainoises n’ont quasiment pas eu voix au chapitre, hier soir, au Spiroudome de Charleroi où elles se sont inclinées 53-73. Pour quelles raisons ?

  1. La qualité et l’expérience de l’adversaire. En phase de poules, les deux équipes avaient terminé aux deux premières places. Cela s’est joué au point-average, mais si Castors Braine a été classé n°1, Villeneuve d’Ascq possède plus d’expérience. C’était la première fois que les Brabançonnes évoluaient sur la scène européenne. Elles ne militent d’ailleurs en D1 que depuis quatre ans. De l’autre côté, et même si c’est le premier trophée européenne qu’elles accrochent à leur palmarès, les Françaises sont des habituées de ce genre de rendez-vous. Villeneuve d’Ascq possède aussi des joueuses de qualité, à commencer par notre compatriote Ann Wauters, quadruple joueuse de l’année.
  2. La perte de l’effet de surprise. Ann Wauters l’avait reconnu au terme du match aller : « Braine nous a surpris ». Les Brabançonnes, plus petites en taille, avaient développé un jeu agressif et rapide qui avait désarçonné les Françaises. Leur coach Frédéric Dusart l’avait admis également : « Ainars Zvirgzdins a remarquablement préparé cette rencontre ». Mais l’effet de surprise ne peut se produire qu’une fois. Frédéric Dusart a eu une semaine pour apporter des ajustements, et cette fois, c’est lui qui a remarquablement préparé la rencontre : il a court-circuité tous les points forts de Castors Braine. Pour encore surprendre l’adversaire, Ainars Zvirgzdins aurait donc dû trouver autre chose. Mais quoi ? Lorsqu’on est plus petit que l’adversaire, qu’on est dominé au rebond et que les tirs à distance ne rentrent pas, c’est difficile.
  3. Le stress. Les joueuses de Castors Braine l’avaient déjà ressenti dans les derniers instants du quart de finale retour contre Mersin : alors qu’elles menaient de 20 points à l’entame du dernier quart-temps, elles avaient failli passer à la trappe. Le scénario, prévisible, s’est reproduit hier soir. Quand on a la possibilité de devenir le premier club belge à remporter une Coupe d’Europe, cela rend forcément nerveux. Et la victoire de 4 points acquise au match aller n’a pas forcément joué en faveur des Brainoises : elles avaient tout à perdre, au contraire de leurs adversaires. Souvenons-nous des déclarations de Frédéric Dusart au terme du match aller : « Nous ne serons pas favoris au retour, mais ce n’est pas pour me déplaire : on aime ce rôle d’outsider. » C’est exactement ce qu’il s’est passé.
  4. La perte de l’avantage du terrain. On ne saura jamais si les Brainoises l’auraient emporté si elles avaient joué dans la salle André Renauld, mais on ne nous ôtera pas de l’idée qu’en optant pour le Spiroudome de Charleroi, elles ont sacrifié l’avantage du terrain au profit d’un terrain neutre. Les Brabançonnes manquent de repères au Spiroudome, et c’est d’autant plus pénalisant lorsqu’on base son jeu sur le tir à distance, dans une salle où les anneaux sont durs et où les ballons ressortent facilement. Ce l’est moins lorsqu’on a un jeu intérieur performant, comme c’est le cas de Villeneuve d’Ascq. Au niveau du public aussi, ce déménagement s’est révélé pénalisant. Même s’il y avait 6.500 spectateurs au Spiroudome, seul le petit kop des Castors situé derrière le banc des joueuses agissait réellement comme des supporters. Les autres étaient davantage des spectateurs, venus assister au match comme on assiste à une pièce de théâtre. Au final, le résultat aidant, les 500 Français ont fait plus de bruit que les 6.000 Belges. De toute façon, il n’y a pas de regret à avoir : c’était tout bonnement impossible de jouer à la salle André Renauld, vu les exigences de la FIBA, la demande de places et l’intérêt médiatique. « La salle André Renauld a l’âge qu’elle a », admet le président Jacques Platieau. « Elle est devenue désuète. »
  5. Et maintenant ? Dans un premier temps, il va falloir digérer la déception. Puis, les échéances nationales approcheront à grands pas. A commencer par la finale de la Coupe de Belgique, le samedi 4 mars au Country Hall du Sart-Tilman, contre Boom. Ensuite, viendra la reconquête du titre. Même si elles ne sont pas remises à 100%, les joueuses des Castors ont largement les moyens de renouveler leur doublé coupe-championnat. Ce doublé leur est même quasiment  promis depuis le départ. Mais c’est peu de choses par rapport à une consécration européenne. C’est presque de la routine. Après, il faudra faire un choix pour la saison prochaine : Euroligue ou Eurocoupe ? « Si on s’engage en Eurocoupe, il faudra obligatoirement engager une joueuse de grande taille », prédit le coach Ainars Zvirgzdins, qui pourrait prolonger… ou pas, c’est trop tôt pour le dire. « Notre moyenne de taille est trop basse par rapport aux autres équipes européennes. Avec uniquement de la rapidité et de l’adresse à distance, cela ne peut pas marcher à tous les coups. »

 

Tout cela ne doit pas empêcher les supporters d’aller remercier les joueuses de Castors Braine pour leur parcours européen exceptionnel, ce soir à la Grand-Place de Braine-l’Alleud à partir de 19 heures. Pour l’occasion, un grand chapiteau sera installé. Les joueuses seront mises à l’honneur au balcon de l’Hôtel de Ville et viendront ensuite faire la fête avec leurs supporters. Une séance de dédicaces est par ailleurs prévue.

Daniel Devos

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