Voir un Spiroudome désert, ou presque, pour un match officiel de qualification de notre équipe nationale, pose question : la Belgique est-elle un pays de basket ?
Oui, si l’on se fie au nombre d’affiliés : ils sont près de 100.000, un chiffre seulement cinq ou six fois inférieur à celui du « roi football ». Les enfants aiment jouer avec un gros ballon orange, et les parents aiment conduire leurs rejetons vers des salles où ils peuvent pratiquer un sport d’équipe, relativement abordable financièrement, et dont ils ne reviennent pas couverts de boue. Beaucoup continuent à le pratiquer, chacun à son niveau, à l’âge adulte.
Non, si l’on se fie à la notion de « sport spectacle ». Assister à un match de basket en tant que spectateur, pour le match en lui-même, n’intéresse pas les Belges. Question de tradition : l’enfance de nos compatriotes a été bercée par le football et/ou le cyclisme. Justine Henin et Kim Clijsters ont popularisé le tennis, et des sportifs « self made men » ont contribué à l’essor de leur sport pendant leur période de gloire : Jean-Michel Saive en tennis de table, les judokas autrefois, les frères Borlée aujourd’hui. Récemment, le hockey a aussi fait parler de lui.
Mais le basket, non. Les audiences télé restent confidentielles, et même en Ethias League, les salles ont souvent été à moitié vides cette saison. Ceux qui les remplissaient quand même avaient rarement conscience de l’enjeu du match auquel ils assistaient. Ils venaient pour l’ambiance, pour passer une bonne soirée et pour prendre un verre à la buvette après le match, lorsqu’ils n’étaient pas invités dans les salons VIP.
Le basket belge manque de personnalités. Les joueurs et joueuses actuel(le)s les plus populaires sont – pour des raisons qui dépassent parfois le monde du basket – Didier Mbenga et Ann Wauters. Il n’y a jamais eu autant de journalistes aux entraînements du Spirou Charleroi que lorsque DJ s’y est exercé quelques semaines, et en Flandres, la participation d’Ann Wauters au 3×3 de Moscou a recueilli davantage d’écho que la campagne de qualification des Belgian Cats. Qui, parmi le grand public, connaît nos basketteurs, même les plus méritants ? Il suffit d’effectuer un micro-trottoir et de demander à l’homme de la rue ce qu’il pense d’ Axel Hervelle, de Guy Muya, d’Emma Meesseman ou de Marjorie Carpréaux : beaucoup tomberont des nues car ils n’auront jamais entendu prononcer leur nom.
Le basket belge manque aussi de résultats. La 9e place conquise par les Belgian Lions à l’Euro 2013 en Slovénie était magnifique, mais ce n’était jamais qu’une 9e place. Les hockeyeurs, eux, ont participé aux Jeux Olympiques, tant chez les messieurs que chez les dames… alors que ce sport compte beaucoup moins d’affiliés que la fédération de basket. Et les volleyeurs disputent la World League. L’heure n’est pas encore arrivée où la RTBF et RTL ouvriront leur JT en annonçant une victoire des Belgian Lions… comme ces chaînes l’avaient fait lorsque David Goffin a remporté le tournoi ATP de Kitzbühel. Mais sait-on jamais ? En sport, tout est souvent question de cycles.
Daniel Devos