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EuroBasket 2017

La place de la Belgique s’est jouée au tirage au sort

Contrairement à ce qui avait été le cas à Ljubljana en 2013 et à Riga en 2015, les Belgian Lions n’ont donc pas réussi à se qualifier pour le deuxième tour, lors du Championnat d’Europe à Istanbul, cet été. Le journal Le Soir s’est posé la question pertinente : est-ce un échec ou pas ?

Et la réponse ? Selon nous, on ne peut pas parler d’échec. Ni de réussite, bien sûr. Cette élimination reflète simplement le rang de la Belgique dans la hiérarchie européenne actuelle.

En fait, la place de la Belgique s’est jouée… lors du tirage au sort. En étant versés dans le groupe D, le plus compliqué, les Belgian Lions savaient dès le départ qu’il leur faudrait réussir un exploit pour arriver en huitième de finale. A l’exception de la Grande-Bretagne, qu’ils ont battue (non sans mal, rappelons-le), les quatre autres adversaires étaient d’un niveau largement supérieur au leur. Cet exploit, ils ne l’ont donc pas réalisé, mais on ne peut pas toujours compter sur un miracle, comme lors de cette fameuse victoire on the buzzer contre la Lituanie, il y a deux ans.

S’ils avaient été versés dans l’un des trois autres groupes, les Belgian Lions auraient probablement atteint ces fameux huitièmes de finale, où l’on retrouvait des équipes bien plus faibles que la nôtre. Il fallait voir les Hongrois se prendre en photo, après leur élimination contre la Serbie, pour comprendre qu’ils étaient déjà tout heureux d’être là.

C’est simple : pour passer en huitièmes de finale, les Belgian Lions auraient dû battre la Turquie… chez elle (une victoire contre la Russie ou la Serbie n’aurait pas suffi pour assurer la qualification, compte tenu des autres résultats). Même si l’équipe turque était rajeunie, tout amateur de basket un peu averti sait ce que cela représente. Alors oui, c’est vrai : quatre autres équipes ont réussi à battre la Turquie chez elle lors de cet Euro : la Lettonie, la Serbie, la Russie et… l’Espagne en huitième de finale. Le véritable échec de l’Euro, en plus de la France et de la Lituanie rentrées bien trop tôt à la maison, il est là : la Turquie éliminée à domicile dès les huitièmes de finale, qui l’eut cru au départ ?

Mais la Turquie ne doit s’en prendre qu’à elle-même. Lors du tirage au sort, chaque pays hôte avait le droit de choisir un adversaire dans son groupe. La Finlande a choisi l’Islande (un autre pays nordique et un adversaire abordable), la Roumanie a choisi la Hongrie (un voisin et également un adversaire abordable) et la Turquie a choisi la… Russie (qui n’est ni un voisin, ni un adversaire abordable). Incompréhensible d’un point de vue sportif ! Il faut sans doute chercher la raison sur le plan politique ou économique.

La qualité de ce groupe D a d’ailleurs été confirmée en huitièmes de finale : la Lettonie a atomisé le Monténégro, la Russie a écrasé la Croatie, et si la Serbie n’a battu la Hongrie que par une dizaine de points au final, c’est parce qu’elle a levé le pied après avoir rapidement pris le large en début de match. D’ailleurs, la Serbie a décroché la médaille d’argent, la Russie a terminé 4e et si la Lettonie a échoué en quart de finale, c’est parce qu’elle a eu la malchance de tomber sur le futur vainqueur, la Slovénie. Et, malgré la défaite, elle a disputé ce qui restera sans doute comme le plus beau match du tournoi.

Sommes-nous vraiment « tout près » de ces nations-phares du basket, comme certains le prétendent. Il convient de relativiser. Certes, à 5 minutes de la fin de ce fameux Turquie-Belgique décisif pour les deux équipes, nous étions à 60-60. De là à dire que cela s’est joué à « des détails »… C’est oublier qu’au final, nous nous retrouvons quand même à -14 et que nous avons été menés pendant 37 minutes sur 40. Nous avons toujours joué à l’accordéon : par moments, nous avons profité d’un petit relâchement turc ou d’une petite période durant laquelle nous tirs entraient, pour revenir dans le parcours. Il y a eu, aussi, un mini-tournant : à 58-58, un tir de Pierre-Antoine Gillet a tourné sur l’anneau et est ressorti, alors que sur la contre-attaque, un tir de Cedi Osman a aussi rebondi sur l’anneau mais est entré. Cela nous aurait placé à +3 au lieu de -2 alors qu’il ne restait que 5 bonnes minutes à jouer. Mais bon, 5 minutes, c’est long en basket.

Bien sûr, tous les adversaires rencontrés ont tenu à témoigner leur respect pour les Belgian Lions. Cedi Osman a déclaré que nous étions « l’une des équipes les plus athlétiques du tournoi » et que les Turcs étaient « très heureux de s’être sortis du piège ».  Le coach russe Sergei Bazarevitch a aussi souligné « la qualité des Belgian Lions dont tous les joueurs évoluent dans de bons clubs ». Parce qu’en conférence de presse officielle, il faut rester politiquement correct ou parce qu’il le pense vraiment ? En réalité, ce qui ennuie nos adversaires, c’est notre jeu atypique : tous nos joueurs sont des sangsues, des petits formats qui tirent de tous les coins du terrain sans chercher le jeu intérieur. Les « grandes équipes » ne sont pas habituées à cela…

Que nous manque-t-il ? D’abord, nous étions quasiment la seule équipe de l’Euro à n’avoir aucun joueur, ni en NBA, ni en Euroligue. Il nous manque aussi, on le répète à satiété, un pivot lourd. On ne parle même pas d’un Pau Gasol, d’un Kristaps Porzingis, d’un Timofei Mozgov, ni même d’un Nikola Vucevic. Déjà, un Vincent Poirier ferait notre bonheur.

Que faire pour remédier à cette lacune? Pas grand-chose. La Belgique est un petit pays, dont le réservoir est limité. Chez nous, les hommes de 2m15 ou 2m20 ne courent pas les rues (qu’ils soient basketteurs ou pas). La Belgique n’est pas, non plus, un vrai pays de basket. La plupart des enfants ont d’abord un ballon de football dans les pieds. Là où Kevin Tumba a appris à jouer au basket à 17 ans, les pivots des Balkans ou des pays baltes avaient déjà un ballon de basket dans les mains à 4 ou 5 ans.

Naturaliser Michael Fusek ? C’est trop tard, il a déjà joué pour la Slovaquie. Espérer le développement d’Ismaël Bako ? Peut-être, mais il n’a que 2m06 et est davantage un intérieur mobile qu’un pivot lourd. Tim Lambrecht ? Il serait temps qu’il perce à Ostende, et ce n’est pas non plus un pivot lourd. A plus long terme, le staff des Belgian Lions mise sur Haris Bratanovic, qui joue au Falco Gand et qui n’a que 16 ans. Mais c’est mince.

A y regarder de plus près, on constate que toutes nos équipes nationales de jeunes, au niveau masculin, jouent en Division B et qu’aucune n’a réussi à (re)monter en Division A. Elles ont terminé entre la 6e et la 9e place de leur Championnat d’Europe B. Ce qui situe la Belgique entre la 22e et la 25e place dans la hiérarchie européenne. C’est sans doute sa véritable place.

Et maintenant ? Il y aura, en novembre, le début des qualifications pour la Coupe du Monde 2019, dans un groupe de nouveau très compliqué avec la France, la Russie et la Bosnie-Herzégovine. Certes, ces pays seront privés de leurs joueurs NBA et Euroligue, mais même en partant du principe que les Bleus ne joueraient qu’avec leurs joueurs de Pro A : sont-ils moins forts que Pierre-Antoine Gillet ou Quentin Serron, pour citer nos deux expatriés dans l’Hexagone ? Et puis : nous serons nous-mêmes privés, une fois encore, de Matt Lojeski (Panathinaikos) et peut-être aussi de Sam Van Rossom, s’il trouve un club d’Euroligue (le Real Madrid s’est de nouveau renseigné, mais aucun accord n’a encore été conclu). Le staff espère poursuivre avec le groupe actuel, pour garder les automatismes. Car le calendrier choisi par la FIBA, avec des matches en novembre, février et juin, peut aussi nous être préjudiciable : notre équipe, qui ne peut s’en sortir qu’avec le collectif, verra ses joueurs débarquer trois jours avant les matches…

Le prochain Championnat d’Europe, lui, n’aura lieu qu’en 2021. Axel Hervelle aura alors 38 ans. Sera-t-il encore de la partie ? Or, on a encore vu à quel point il était indispensable…

Daniel Devos

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