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Euro 2015

Les 10 leçons à retenir de l’EuroBasket 2015

  1. 1.     Troisième titre de l’Espagne, avec Pau Gasol en MVP

L’Espagne a remporté son troisième Championnat d’Europe, en surclassant la Lituanie en finale : 80-63. C’était déjà 15-4 après cinq minutes et cet avantage n’a jamais été remis en question. Pourtant, ce troisième titre est peut-être le plus inattendu. Il s’en est fallu de peu, d’un lancer-franc raté par l’Allemagne, pour que l’Espagne soit éliminée dès le premier tour. Il faut dire qu’elle avait été versée dans le « groupe de la mort » à Berlin.

« Nous avons grandi au fil du tournoi », reconnaît le coach Sergio Scariolo. « Nous avons connu des moments difficiles, nous avons parfois été menés de 8 ou 9 points dans le 4e quart-temps, et là nous avons montré notre caractère. »

Avec un leader de la trempe de Pau Gasol, logiquement élu MVP, l’Espagne possédait presque une assurance tous risques : 40 points en demi-finale contre la France, par exemple, et 25, 6 points, 8,8 rebonds et 2,9 passes décisives de moyenne sur l’ensemble du tournoi. « J’ai remporté beaucoup de trophées, mais celui-ci restera spécial », avoue celui qui évolue désormais aux Chicago Bulls.

  1. 2.     La Lituanie n’a été battue que par l’Espagne et… la Belgique

Comme l’Espagne, la Lituanie n’a pas été à la fête lors du premier tour. A Riga, tous ses matches ont été laborieux et beaucoup se sont gagnés sur le fil (d’un point contre l’Ukraine, de deux points contre l’Estonie et après prolongation contre la République Tchèque). Celui contre la Belgique a même été perdu (de deux points, suite au tip-in on the buzzer réussi par Matt Lojeski. »

  1. 3.     La finale attendue s’est jouée en guise de consolation

La France était considérée comme la grande favorite du tournoi. Et la Serbie était considérée comme son principal adversaire. Les deux pays se sont bien affrontés, mais dans le match pour la 3e place. La France est tombée en prolongation contre l’Espagne en demi-finale (une finale avant la lettre, en quelque sorte), tandis que la Serbie – relativement décevante – a été défaite par la Lituanie au même stade de l’épreuve. En consolation, il n’y a pas eu photo : les Bleus se sont imposés 81-68.

Nando De Colo a été le seul Français élu dans le cinq majeur du tournoi (aux côtés de Pau Gasol, Sergio Rodriguez, Jonas Marciulis et Jonas Valanciunas). Rudy Gobert aurait pu l’être également. En revanche, pas de trace de Tony Parker. L’idole de tout un peuple s’est montrée fort discrète pendant le tournoi, à l’image de son huitième de finale contre la Turquie où il n’a inscrit que cinq points.

  1. 4.     27.372 spectateurs, record européen

27.372 spectateurs ont assisté à la finale entre l’Espagne et la Lituanie, au stade Pierre Mauroy de Lille : c’est un record d’Europe.

Au total, 630.000 tickets ont été vendus pour le Championnat d’Europe. C’est le double du tournoi slovène, qui avait accueilli 320.000 amateurs de basket, et c’est dû à plusieurs raisons : quatre pays, et pas un seul, évoluaient à domicile. En outre, ces pays organisateurs ont pu inviter un voisin. Les tickets étaient vendus match par match, et pas pour toute une journée. C’est ainsi qu’à Riga, plusieurs matches entre pays baltes ont frôlé ou dépassé les 10.000 spectateurs. Et au stade Pierre Mauroy, on a dépassé les 20.000 personnes à plusieurs reprises.

On a aussi battu le record du nombre de journalistes : 1.435 accrédités. Les raisons sont sans doute les mêmes : comme  le tournoi s’est déroulé dans quatre pays différents, quatre groupes de journalistes ont couvert un événement se déroulant « chez eux ».

  1. 5.     Le bilan des Belges

Trois victoires en phase de poule, c’est bien. Très bien, même.

Commencer par un match contre le pays organisateur, ce n’était pas un cadeau. Nous avons couru derrière le score pendant une grande partie du match, mais sommes passés devant au 3e quart-temps (52-51) pour échouer au final (67-78).

Il fallait se reprendre contre l’Estonie et les Belgian Lions se sont repris. Un premier quart-temps de rêve, frôlant la perfection (27-9, avec 7/8 à deux points, 4/5 à trois points et 1/1 aux lancers-francs) nous a mis sur les rails. Nous n’allions plus être inquiétés (55-84).

Vient le match contre la Lituanie. « Une chance sur cent de l’emporter », estime Eddy Casteels. Mais cette chance, les Belgian Lions vont la saisir. Ils sont pourtant menés de 17-30 après 15 minutes, ce qui constitua peut-être notre… chance. « Car là, mes joueurs ont cru que la messe était dite », affirme le coach Jonas Kazlauskas. « Ils ont commencé à faire leur petit show individuel. Je ne dis pas que la Belgique est une mauvaise équipe, mais nous leur avons offert la victoire. » Avec, aussi, une mauvaise option de Mantas Kalneitis qui tire à trois points à 5 secondes du terme, avec égalité au marquoir. La suite, on la connaît : il rate, le ballon échoue dans les mains de Van Rossom qui traverse le terrain, tente un lay-up et le manque… mais Matt Lojeski passait par là. Les arbitres ont visionné les images pendant trois minutes pour décider si ce tip-in avait été effectué avant ou après le buzzer, avant de nous offrir la victoire : 76-74. Incroyable !

Un succès contre la République Tchèque peut déjà nous offrir la qualification. Mais, face à l’impossibilité de contenir Jan Vesely, nous avons encore couru derrière le score (44-51 après 30 minutes) pour échouer à deux petits points (62-64). « Parfois, un match serré se joue sur un seul tir, et ce fut le cas cette fois-ci : si le tir de Tomas Satoransky à 20 secondes du terme est loupé, nous sommes battus », admet le coach tchèque Ronen Ginzburg.

Contre l’Ukraine, pour le dernier match de poule, nous étions donc dos au mur : en cas de défaite, c’était le retour à la maison. Une fois encore, nous souffrons dans la raquette : impossible de contenir le géant Kyrylo Fesenko, nous sommes largués à -14. Mais une faute intentionnelle sur Quentin Serron, en fin de première mi-temps, marque un tournant : c’est une attaque à 5 points et nous revenons dans le coup revient dans le coup. En deuxième mi-temps, nous prenons le large alors que les Tchèques font du surplace : 71-79. Soulagement : le tournoi continue.

Mais à Lille, nous devons affronter l’ogre grec. Certes, nous avons les Hellènes en match amical à Anvers, mais en match officiel, c’est autre chose : même si leur basket n’est pas génial, ils sont trop grands, trop puissants. On s’accroche une mi-temps (31-34), mais la deuxième mi-temps est celle de trop (54-75).

  1. 6.     La Belgique aurait-elle pu faire mieux ?

Oui, si… Si l’on avait battu la République Tchèque, on aurait affronté un adversaire de moindre calibre en huitièmes de finale. Et si l’on avait en plus battu la Lettonie dans le match d’ouverture, on aurait à coup sûr terminé en tête du groupe avec 5 victoires sur 5. Mais avec des si…

Objectivement, on ne pouvait pas faire mieux avec cet effectif-là. Eddy Casteels a tiré la quintessence de ce groupe. Car, si la République Tchèque et la Lettonie étaient effectivement à notre portée, il ne faut pas oublier que la victoire contra la Lituanie tient du miracle et que l’on n’en menait pas large en première mi-temps contre l’Ukraine. La manière dont nous sommes passés de -14 à +14, et dont les Ukrainiens se sont effondrés en deuxième mi-temps, reste un mystère.

Alors, oui, nous aurions pu atteindre les quarts de finale, mais nous aurions dû bénéficier pour cela d’un concours des circonstances. En valeur pure, nous valons désormais le Top 16, pas le Top 8.

Pour l’atteindre, il nous faudrait un pivot de 2m15 et 120 kilos, comme toutes les grosses équipes en ont, ou un vrai joueur NBA, comme toutes les grosses équipes en ont aussi. Or, nous n’en avons pas. Et nous ne voyons pas où nous pourrions aller le chercher. Ce joueur-là n’existe pas parmi les basketteurs belges, et pas non plus parmi les joueurs américains du championnat de Belgique que nous pourrions éventuellement naturaliser.

  1. 7.     Les joueurs belges

Axel Hervelle a joué en vrai capitaine (8 points, 5,7 rebonds et 2,5 passes décisives de moyenne, mais son apport est parfois plus important que ce que les statistiques indiquent), Sam Van Rossom en vrai leader (12,2 points, 3,7 rebonds et 4,5 passes décisives de moyenne). Matt Lojeski (20 points contre la Lituanie et 16 points contre l’Estonie), considéré comme le troisième homme fort de la sélection, a été l’auteur du fameux tip-in qui nous a valu la victoire contre la Lituanie, mais contre la République Tchèque, son apport en points (3 seulement, pour 4 tentatives à peine) a été trop faible : il faut dire qu’il était bien tenu, les Tchèques avaient aussi visionné notre match contre la Lituanie et savaient d’où venait le danger.

Quentin Serron et Pierre-Antoine Gillet ont démontré qu’en plus d’être les deux meilleurs joueurs du championnat de Belgique, ils avaient aussi le niveau européen : le premier dans un rôle de chien-de-garde capable également d’apporter son écot au marquoir (5,8 points et 2,5 rebonds de moyenne), le second dans un rôle de pur shooteur capable également de défendre (9,2 points et 3,3 rebonds de moyenne).

Kevin Tumba, qui évoluait la saison dernière avec la lanterne rouge de la Scooore League (nos confrères étrangers ont eu du mal à le croire), a affronté avec distinction (2,7 rebonds de moyenne) quelques-uns des meilleurs pivots européens comme Jonas Valanciunas, Jan Vesely, Kyrylo Fesenko ou Yannis Bourousis.

Maxime De Zeeuw était en pleine forme lors du tournoi de Bydgoszcz qui précédait l’envol pour Riga et a aussi très bien commencé le Championnat d’Europe (11 points et 6 rebonds contre la Lettonie), mais une blessure à l’épaule encourue lors du deuxième match contre l’Estonie l’a handicapé pour la suite.

Jonathan Tabu a été précieux : il a commencé le tournoi difficilement, a parfois eu tendance à forcer, mais a répondu présent lorsqu’il  s’agissait de marquer le panier ou le lancer-franc qui nous relançait ou nous permettait de rester dans le match (10 points, 2 rebonds et 2,5 passes décisives de moyenne).

Lionel Bosco, malgré son petit gabarit, a parfois incarné la solution face aux grands formats adverses (7 points et 5 assists contre la République Tchèque). Wen Mukubu, dans un rôle difficile de back-up de Lojeski, a été moins performant qu’il y a deux ans en Slovénie (7 points contre l’Estonie, 0 dans les autres matches). Jean-Marc Mwema  a fait quelques bonnes montées au jeu (10 points et 2 rebonds contre la Lituanie, 2 points et 4 rebonds contre l’Estonie). Jean Salumu s’est montré le plus discret (1 point contre l’Estonie, 0 dans les autres matches).

  1. 8.     Merci à Niksa Bavcevic et à Dario Gjergja

Alors que certains coaches belges ne jurent par les joueurs américains, afin de satisfaire les envies de victoires des supporters et des sponsors, certains coaches étrangers ont fait progresser nos joueurs nationaux. Les Belgian Lions sont redevables à deux coaches croates : Niksa Bavcevic qui, autrefois, a lancé Axel Hervelle (notre capitaine), Guy Muya et Sacha Massot (qui ont mis un terme à leur carrière internationale entretemps), et Dario Gjergja, qui a fait progresser Quentin Serron, Pierre-Antoine Gillet, Jean Salumu et Khalid Boukichou, et qui a aussi entraîné nos Espoirs de la Belgian Elite Academy en mai et en juin, avant de rejoindre l’équipe nationale croate dont il était l’assistant.

Merci aussi, évidemment, à Jacques Ledure qui a redonné vie à notre équipe nationale à un moment où les dirigeants fédéraux la laissaient à l’abandon, et à Eddy Casteels qui la coache depuis 11 ans.

  1. 9.     Les couacs de Lille

Si l’organisation fut, dans l’ensemble, très bonne, nous avons malgré tout relevé l’un ou l’autre petit couac. Et, malheureusement, l’un d’eux nous concerne : lors de la diffusion de la Brabançonne, avant le huitième de finale entre la Belgique et la Grèce, c’est le drapeau… allemand qui est apparu sur les écrans géants : même couleurs, mais pas dans le même sens ni dans le même ordre.

Le lendemain, avant un autre huitième de finale entre la Serbie et la Finlande, le chauffeur de salle qui se baladait dans les gradins a confondu les supporters serbes avec les supporters… croates. Plutôt gênant.

C’est bien de rappeler à tout bout de champ que le stade Pierre Mauroy est la plus grande arène de basket d’Europe, et de s’égosiller pour les Bleus, il faut aussi apprendre à connaître les autres participants.

  1. 10.  Stromae à Riga, Joe Dassin à Lille

A Riga, les organisateurs avaient choisi une chanson représentative de chaque pays participant pour rythmer l’entrée en scène des équipes.  Pour la Belgique, c’est Stromae qui a été élu. Les Belgian Lions sont toujours montés sur le terrain au rythme de « Alors on danse ».

A Montpellier et à Lille, les dirigeants de la FFBB sont allés rechercher un vieux tube de Joe Dassin pour rythmer le parcours de l’équipe de France : « Dans les yeux d’Emilie ». Cette chanson, malheureusement, n’a pas autant porté chance aux basketteurs que « I will survive » de Gloria Gaynor aux footballeurs, lorsque ceux-ci ont remporté la Coupe du Monde 1998.

Les basketteurs ont été éliminés en demi-finale et n’ont donc pas accompli leur « mission ».

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