L’AWBB, on le sait, a lancé une campagne pour susciter des vocations au niveau de l’arbitrage, afin de remédier au manque de referees qui commence à se faire cruellement ressentir. A cet effet, il nous a semblé intéressant de prendre le pouls de Renaud Geller, notre arbitre n°1 qui fait office de locomotive au niveau belge. Comment est née la vocation du Liégeois ?
« Lorsque j’étais jeune, je jouais au BC Ninane, un club où je suis toujours affilié aujourd’hui », explique-t-il. « J’étais plutôt grande gueule, j’avais tendance à m’énerver rapidement et à m’en prendre, non pas à l’homme en gris ou aux adversaires, mais à mes… propres partenaires. Je passais beaucoup de temps au club, je participais à toutes les activités organisées. A l’adolescence, est arrivé le temps des sorties avec les copains. Mon père m’a proposé de me lancer dans l’arbitrage, pour me faire un peu d’argent de poche. J’avoue qu’au départ, je n’étais pas très chaud. Puis, après réflexion et concertation avec le coach, j’ai décidé de me lancer. Je ne l’ai jamais regretté. J’étais un joueur assez moyen, et je n’aurais jamais atteint le niveau qui est aujourd’hui le mien dans l’arbitrage. Je ne parle même pas de disputer un Championnat d’Europe : je n’aurais peut-être même jamais joué en 1e Provinciale. »
Comme le veut le dicton : les anciens braconniers font les meilleurs gardes-chasse. Et Renaud Geller, jadis réputé pour sa grande gueule (c’est lui-même qui l’affirme), est désormais un modèle de psychologie. Il n’hésite jamais à dialoguer avec les joueurs et à calmer les esprits lorsque ceux-ci ont tendance à s’échauffer. « Avec l’âge, on se calme », sourit-il.
Qu’aurait-il envie de dire aux jeunes qui voudraient se lancer dans l’arbitrage ?
« Je les encouragerais au moins pour trois raisons », poursuit-il. « La première, aussi paradoxal que cela puisse paraître, est d’ordre financier. Un jeune qui veut jouer au basket dans un club, doit généralement payer une cotisation. L’arbitre, lui, reçoit un petit défraiement. Qui évolue au fur et à mesure qu’on monte de catégorie. L’arbitre n’est peut-être pas payé assez – c’est un autre débat – mais il est payé. La seconde raison est d’ordre social. On rencontre énormément de personnes, on noue des relations, on discute. D’un point de vue humain, c’est très enrichissant. Personnellement – et c’est encore le cas aujourd’hui – je n’ai jamais hésité à traîner un peu à la buvette après un match, pour prendre un verre avec les joueurs, les dirigeants et même les supporters. J’encourage tous les arbitres à le faire, plutôt qu’à prendre leur sac et à rentrer directement à la maison. Enfin, troisième raison : lorsqu’on atteint un statut international, comme c’est mon cas, on voyage beaucoup. C’est aussi un aspect non négligeable. »
Le mauvais côté, forcément, ce sont les insultes auxquelles on doit parfois faire face. Renaud Geller, comme tous les referees, est passé par là. « Et la situation, malheureusement, ne fait qu’empirer », regrette-t-il. « A l’époque où j’ai débuté, les gens étaient plus respectueux qu’aujourd’hui. Lorsqu’on est confronté à l’un ou l’autre énergumène, la meilleure solution est de faire semblant de ne pas entendre et de se concentrer encore davantage sur son match. Certains délégués de club croient parfois bien faire en excluant la personne énervée de la salle, mais cela ne sert souvent qu’à jeter un peu plus d’huile sur le feu. »
Renaud Geller tient à ajouter ceci : « L’AWBB a pris conscience du manque d’arbitres et consent de louables efforts pour y remédier. Il faut l’en féliciter. »
Et, comme le mentionne à juste titre l’AWBB : sans arbitre, pas de match. Ceux qui ont été, ou sont encore, délégués de jeunes, savent les problèmes qu’engendre l’absence d’un referee, le samedi après-midi ou le dimanche matin. « Et ce sont souvent les clubs qui n’ont pas d’arbitre qui se plaignent le plus lorsque des défections surviennent », constate Renaud Geller.
Daniel Devos