Willebroek a vécu un moment historique, samedi soir: pour la première fois depuis leur accession à la D1, les Kangoeroes ont réussi à battre les voisins de Port of Antwerp Giants dans le derby de la province. 83-78. « Pour moi, qui ne suis pas anversois d’origine, ce résultat ne revêt pas la même signification », affirme le coach Daniel Goethals. « Et pourtant, à y regarder de plus près, je constate que c’est également la première fois que je bats les Giants depuis que je suis coach en D1. J’avais déjà battu toutes les autres équipes, sauf celle-là. »
Willebroek pourrait-il, pour la première fois de son histoire, accrocher les play-offs? “La saison est encore longue”, constate Goethals à juste titre. “Nous ne regardons pas aussi loin, nous prenons match par match. Le prochain objectif, c’est samedi à Alost. Et ce ne sera pas une sinécure. Mais les play-offs, pourquoi pas? Pour y parvenir, il faudra aussi bénéficier d’un peu de chance. Notre effectif n’est pas très large en profondeur, nous devrons donc être épargné par les blessures.”
Jusqu’ici, les Kangoeroes ont surtout dû se contenter de jouer les faire-valoir, avec de temps en temps un exploit, comme contre Ostende l’an passé. Mais l’une des deux dernières places leur semblait irrémédiablement vouée. Le club a-t-il franchi un cap cette saison ? « Si Willebroek n’a pas encore réussi à accrocher les play-offs, c’est aussi dû à une question de budget », estime Goethals. « Nous sommes limités dans nos choix et nous n’avons pas, non plus, la possibilité d’effectuer facilement des retouches en cours de saison. Aujourd’hui encore, nous avons le plus petit budget de la ligue. On n’a donc pas le droit à l’erreur dans notre recrutement. Cet été, en plus des qualités intrinsèques des joueurs, nous avons fait très attention à la mentalité. Un gars comme Wesley Channels est un vrai compétiteur, mais aussi un homme équilibré, marié et père de famille. Il en va de même pour les autres joueurs. Ce qu’ils veulent, c’est gagner, peu importent leurs statistiques personnelles. Le collectif passe avant tout. Les résultats passeront par là, car nous n’avons pas de joueurs capables de forcer la décision individuellement, comme Jason Clark à Anvers, John Tofi à Alost ou Rasko Katic à Ostende. Nous avons aussi limité notre recrutement à quatre étrangers, plutôt que cinq. Et pas tous Américains, puisque Pape Badji est Sénégalais. Nous avons maintenu notre confiance à Terry Deroover et Xavier-Robert François, qui ont beaucoup progressé. Deroover distribue très bien et François apporte une vraie rotation à l’intérieur. Anthony Chada, aussi, apporte sa pierre à l’édifice. Et puis, mes joueurs témoignent d’une grande force de caractère. Ils ne renoncent jamais. Contre Mons, on a été mauvais pendant une mi-temps, voire trois quart-temps, mais on a trouvé les ressources pour émerger en fin de match. »
Willebroek a pourtant perdu l’excellent Senne Geukens, un joueur important. “Sportivement, et aussi humainement, je regrette son départ. Mais, financièrement, nous ne pouvions pas nous aligner sur ce qu’Alost lui proposait. Et puis, il a 33 ans, et fiscalement, nous avions besoin de joueurs de moins de 26 ans. Dennis Donkor va sur ses 26 ans.”
La plantureuse victoire à Charleroi a provoqué un déclic chez le Spirou. A-t-elle aussi provoqué un déclic chez les Kangoeroes? « C’est plutôt la lourde défaite subie ensuite contre Ostende qui a provoqué un déclic », estime Goethals. “Après la victoire à Charleroi, certains de mes joueurs ont pensé que cela irait tout seul contre les Côtiers. On s’est pris une raclée. Je leur ai expliqué que, s’ils ne redescendaient pas les pieds sur terre, ils se prendraient une autre raclée contre Anvers. Visiblement, le message est passé.”
Selon Goethals, les bons résultats actuels ont aussi des répercussions sur les… anciens joueurs du club. « La saison dernière, nous avions de bons joueurs, mais les résultats ont été décevants. Et donc, personne ne s’est intéressé à eux. Maintenant, Greg Mangano vient de signer à Dubaï et Vinnie Simpson a signé à Liège ».
Daniel Devos