Pendant l’intersaison, les agents sont très sollicités. A 24 ans à peine, Yannick Kizito se lance sur le marché. Rencontre.
Quel a été votre parcours, jusqu’ici ?
« J’ai fait des études en management sportif et en marketing. J’ai commencé à jouer au basket dans ma petite commune de Merchtem, en Brabant Flamand, puis je suis passé en Cadets Régionaux au Brussels avec lequel j’ai gagné la Coupe de Brabant. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de terminer mes études secondaires à Houston Texas dans une école qui a formé des joueurs NBA comme DeAndre Jordan et Ben Macklemore. Ce fut une bonne expérience. Mon objectif était d’atteindre le haut niveau et d’intégrer une université de D1 NCAA, mais je n’ai malheureusement pas pu l’atteindre. Pas par manque de talent, mais à cause de ma situation académique en NCAA 2, qui me rendait inéligible. »
Comment êtes-vous devenu agent?
« A mon retour en Belgique, j’ai eu du mal à trouver un club qui me convenait. J’ai directement senti qu’il existait un besoin, dans le milieu, de personnes capables d’aider d’autres joueurs qui seraient dans la même situation. J’ai commencé en recrutant, dans un premier temps, des jeunes pour des académies et universités aux USA. A ce moment-là, j’ai reçu de nombreuses demandes de joueurs qui venaient de terminer leur formation en NCAA et qui aspiraient à entamer une carrière professionnelle en Europe. Je me suis renseigné sur la profession d’agent et j’ai suivi des cours de scouting et de recrutement dans une école privée, spécialisée dans ce domaine. Je me suis entouré de personnes déjà actives dans le milieu. Elles m’ont aidé à commencer ma carrière. Aujourd’hui, j’ai monté une société spécialisée dans le scouting et le recrutement avec mon associé Sven De Bolster. Nous travaillons sur la visibilité de jeunes talents en Belgique et à l’étranger. »
Quels joueurs avez-vous dans votre portefeuille ?
L’un de mes joueurs a remporté le championnat de D2 en Lituanie et a été élu MVP de la finale. Je gère aussi les intérêts d’un joueur américain qui a joué en Liga Endesa espagnole et d’un autre actif en Grèce, dans un club qui a disputé la FIBA Europe Cup. En Belgique, je m’occupe de joueurs comme Amaury Marion, Rik Van den Berghe et Nathan De Meulemeester, ainsi que du coach Etienne Louvrier. »
Comment considérez-vous votre rôle d’agent? Le plus important est-il de trouver un bon club au joueur, de négocier son contrat, d’assurer un accompagnement tout au long de la saison?
« Le rôle d’un agent est multiple. C’est lui qui sert d’intermédiaire entre son client – le joueur – et l’acheteur – le club. En plus de trouver un bon club pour le joueur, l’agent est amené à négocier d’autres contrats pour lui. Des contrats de sponsoring, par exemple. Cela peut aller des équipements aux produits alimentaires en passant par des accessoires et des commerces locaux. L’agent peut aussi aider le joueur à trouver un logement, une voiture, un téléphone, bref tout ce qui peut l’aider à entrer dans la vie active lorsqu’il passe professionnel. Il peut également chercher un encadrement individuel pour le joueur : coach, préparateur physique, nutritionniste… Officieusement, il peut aussi l’aider à régler certains problèmes, du plus anodin au plus important.
Plus globalement, l’agent est le principal conseiller du joueur, hors environnement affectif, même si parfois il peut jouer le rôle d’un père, voire d’une « nounou ». Il délivre le joueur de ses contraintes matérielles, et lui offre des services juridiques ou financiers. Le plus important pour un agent est tout simplement que son client soit… heureux. »
Nous sommes actuellement à l’intersaison. Est-ce la période la plus importante pour un agent ou est-ce pareil toute l’année?
« C’est un moment complexe à aborder et le contact agent/joueur tout au long de la saison est essentiel pour bien préparer cette période. Pour un agent, le plus important est de bien connaitre le joueur. Chaque joueur a ses propres critères de choix, mais on peut les résumer en trois points principaux : 1° Le niveau du club. 2° Le montant et la durée du contrat. 3° L’entraineur (personnalité, style, projet de jeu). Plus quelques points « secondaires » : localisation, coéquipiers, etc . Ces critères de choix sont classés par ordre de priorité en fonction des souhaits du joueur. Certains auront le niveau du club comme critère n°1, d’autres placeront l’argent en premier lieu. Cela varie suivant les personnalités, l’âge et la situation du marché. »
Daniel Devos