C’est Jour J -1 à Braine-l’Alleud. Pour la première fois en Belgique, la mythique salle André Renauld s’apprête à accueillir une demi-finale de l’Eurocoupe féminine. Les préparatifs battent leur train. La structure de la tribune supplémentaire est déjà visible. Elle permettra d’accueillir 2.000 spectateurs. « Et si l’on avait eu une salle de 4.000 places, on l’aurait remplie », assure le président Jacques Platieaui. « Les demandes ont afflué de partout : des Pays-Bas, du Luxembourg, de Lettonie, d’Arlon, de Ploegsteert et même de… Namur ! Un quart d’heure après la mise en vente des tickets sur internet, 200 avaient déjà été écoulés. Et après deux heures, c’était sold out. On n’imagine pas le boulot que cette demi-finale implique. Plus de 80 personnes ont travaillé pour faire de cet événement, un succès. Et demain, 25 stewards seront à pied d’œuvre. La salle André Renauld a l’âge qu’elle a, ce n’est pas la plus moderne et il a fallu la mettre en conformité. Un moment, on a songé à émigrer. A Mons, à Charleroi ou ailleurs. Mais les joueuses ont eu le dernier mot : elles préféraient jouer à Braine-l’Alleud, car elles ont besoin de leur sixième homme, et elles ont obtenu gain de cause. »
La finale tend les bras aux filles de Castors Braine, qui se sont forgées un viatique de quatre points lors du match aller à Istanbul. Mais, pour autant, le président ne veut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. « Cette équipe turque a déjà prouvé qu’elle était capable de s’imposer en déplacement. Elle l’a fait en huitième de finale, lorsqu’elle s’est qualifiée en Russie après avoir perdu à domicile. Si je m’apprête à trembler ? Tous les scénarios me conviennent, pourvu qu’ils soient positifs au final. »
Les clefs du succès ? Elles sont multiples, selon Jacques Platieau. « Il y a les compétences du coach et les qualités des joueuses. Le collectif, aussi. On forme une véritable équipe, alors que d’autres formations à gros budget s’appuient davantage sur un assemblage de talents individuels. L’esprit Castors vit réellement, chez nous. C’est dû au recrutement des joueuses. On a voulu des joueuses avec un certain profil, une certaine mentalité. On a aussi eu la chance de réaliser un premier tour exceptionnel. Cette première place, à l’issue de la phase de poule, nous permet de jouer chaque fois le match retour à domicile, et c’est un avantage considérable. Je suis persuadé que, si l’on avait dû jouer le match retour à Mersin, on ne se serait pas qualifiés. »
Le succès populaire est, lui aussi, au rendez-vous. « Braine, cela représente quelque chose dans le basket belge, et je constate que l’esprit brainois, fait de convivialité, n’a pas disparu. »
Et le succès attire également les sponsors. A chaque match, ou presque, il y a un nouveau qui débarque et qui donne le coup d’envoi. « Je préfère parler de partenaires plutôt que de sponsors », précise Jacques Platieau. « On partage la même philosophie. Et on travaille sur le long terme. Je veux que, lorsque je me retirerai, Castors Braine existe toujours. La pérennité du club est primordiale. Aujourd’hui, en tout cas, Castors Braine est auto-suffisant. »
La saison dernière, la FIBA avait proposé à Castors Braine de jouer l’Euroligue. Le club avait refusé. Et si la possibilité se représentait ? « On y réfléchirait. Il y a trois critères à prendre en compte : les infrastructures, le financier et le sportif. Au niveau des infrastructures, il me paraît impossible de jouer sept matches à domicile. Pas uniquement pour des raisons de conformité, mais aussi pour une question d’occupation de salle. Si l’on dispute l’Euroligue, on jouerait trois matches à Braine et les quatre autres ailleurs. Au niveau financier, le budget (actuellement 500.000 euros pour l’équipe, auxquels il faut ajouter 3 ou 400.000 euros pour les jeunes) devrait encore être agrandi, mais avec le soutien de nos partenaires, cela devrait être réalisable. Quant au niveau sportif : ce sera aux joueuses de décider. Si elles préfèrent jouer l’Eurocoupe, on jouera l’Eurocoupe. Si elles veulent un challenge plus relevé, on le relèvera. Mais une chose est sûre : même en Euroligue, on jouera chaque match pour le gagner. Pas question de faire de la figuration. »
La salle André Renauld devient tout doucement trop petite. Et… la construction d’une nouvelle salle est envisagée ! « Mais pas question de quitter Braine-l’Alleud. Ni même la salle André Renauld, qui restera la base du club, au moins pour les jeunes. Ce n’est de toute façon pas pour tout de suite. Une nouvelle salle exige un délai de trois ou quatre ans. »
Daniel Devos