Le coach des Belgian Cats dresse le bilan de la campagne de qualification
Daniel Goethals : « Il y a plus de positif que de négatif »
Trois victoires (deux contre la Macédoine et une en Lituanie) et trois défaites, tel est le bilan des Belgian Cats dans la campagne de qualification qui vient de se terminer. Insuffisant pour se qualifier pour l’Euro 2015. Il faudra donc attendre au minimum deux ans de plus pour revoir notre équipe nationale féminine participer à un Championnat d’Europe. Nous avons dressé le bilan avec le coach, Daniel Goethals.
Daniel, quelles sont les satisfactions et les déceptions que vous retenez de cette campagne ?
Goethals : – La grosse déception, c’est évidemment la non-qualification. Mais, au décompte final, je retire plus de positif que de négatif. Nous avons élevé notre niveau par rapport au premier tournoi qualificatif de 2013. Les filles ont progressé. Nous n’avons jamais perdu de plus de dix points. Nous avons livré de bons matches, avec un exploit en Lituanie. Les jeunes ont démontré qu’avec l’aide de deux joueuses expérimentées comme Sofie Hendrickx et Laurence Van Malderen, elles pouvaient atteindre un niveau qui se rapproche de celui des équipes qualifiées.
Qui s’en rapproche mais qui ne s’est pas encore révélé suffisant. Quelles sont les raisons de cette non-qualification?
Goethals : – Il y a d’abord, c’est sûr, les désistements. Je comprends Emma Meesseman qui a préféré privilégier la WNBA, mais il est clair qu’avec elle, c’eut été différent. Il y a eu les blessures, aussi : Romina Ciappina, Evelien Callens, Marjorie Carpréaux… Cela fait beaucoup. Notre groupe était aussi, quoi qu’on en dise, très relevé. Avec une équipe lituanienne expérimentée et adroite, qui avait loupé son dernier Euro et était avide de revanche, et une équipe britannique elle aussi expérimentée, qui avait participé aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 et avait terminé 8e de l’Euro 2013, et qui a en outre pu compter sur une joueuse intérieure du calibre de Temi Fagbenle. D’autres groupes étaient plus abordables, et j’en veux pour preuve la qualification de l’Italie que nous avions atomisée lors du tournoi de préparation à Louvain-la-Neuve. Mais, pour avoir la chance d’être versé dans un groupe plus abordable, il faudrait aussi réussir à se qualifier pour un Championnat d’Europe afin de ne pas figurer dans le chapeau 3 ou 4 lors du tirage au sort.
La victoire en Lituanie fut un réel exploit. Comment l’expliquez-vous ?
Goethals : – Nous avons très bien débuté le match et les Lituaniennes ne sont jamais parvenues à nous rattraper. Comme nous étions déjà éliminées, nous avons joué sans pression alors que les joueuses locales savaient qu’en cas de victoire, elles assuraient leur qualification. Elles étaient plus stressées que nous.
La pression a donc joué un rôle ?
Goethals : – Sûrement lors de notre premier match, en Grande-Bretagne, où nous avons subi une défaite qui a conditionné tout le reste de la campagne.
Avec le recul, ne regrettez-vous pas d’avoir joué la prolongation plutôt que la victoire lors du match retour contre les Britanniques, à l’Arena de Deurne ?
Goethals : – Il n’y a pas de regret à avoir. Si nous avions gagné d’un point, nous aurions compté une victoire de plus, certes, mais en cas d’égalité, nous aurions été « négatives » par rapport aux Britanniques.
Mais, aujourd’hui, on constate qu’avec une victoire de plus, nous aurions été qualifiées…
Goethals : – Si nous avions été obligées de gagner en Lituanie, nous n’aurions peut-être pas livré la même prestation qu’en étant libérées. Dans mon esprit, il fallait gagner de huit points contre la Grande-Bretagne pour avoir de réelles chances de qualification.
Le choix de l’Arena de Deurne pour les matches à domicile s’est-il révélé judicieux ?
Goethals : – Je dois bien reconnaître que non. Comme les hommes joueront à Charleroi, les Dames devaient jouer en Flandres. J’avais le choix entre Courtrai ou Anvers. J’ai choisi l’Arena de Deurne parce que c’était une petite salle propice à l’ambiance, dans une ville de basket. Mais le public n’a jamais répondu présent, alors que pour les Belgian Lions, la Lotto Arena avait souvent été comble ces dernières années. La publicité autour de l’événement a-t-elle été bien faite ? C’est une question à se poser. Pieter Loridon m’a avoué qu’il ignorait que des matches de basket féminin se jouaient dans sa ville. On a accueilli plus de monde lors du tournoi de préparation organisé à Louvain-la-Neuve que lors des matches officiels de qualification à Anvers, ce n’est pas normal…
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
Goethals : – Je partirais peut-être en déplacement deux jours avant le match, plutôt que la veille. Pour autant que le budget le permette, bien entendu. Lors de notre match à Worcester, en Grande-Bretagne, on a dû se taper trois heures de bus et il y avait une fête dans l’hôtel jusqu’à 1 heure du matin. Nous n’avons pas joué dans des conditions idéales. Lors des déplacements en Lituanie et en Macédoine, en revanche, on était parti deux jours avant le match. Un peu par hasard, j’en conviens ; simplement parce qu’il n’y avait pas de vol pour Vilnius la veille. Les prestations furent meilleures. Chez les filles, on joue rarement dans la capitale, plutôt dans des villes ou villages de province assez éloignés de l’aéroport. Il faut en tenir compte. Ce serait bien, aussi, que quelqu’un parte en reconnaissance, mais c’est là aussi une question de budget. L’an passé, j’avais profité de ma présence à Ljubljana pour l’Euro 2013 messieurs pour aller visiter, en compagnie de Koen Umans, le complexe de Kranjska Gora où nous avons effectué notre préparation. Chacun s’accorde à dire que nous avons rencontré là-bas des conditions parfaites. J’y retournerais d’ailleurs volontiers si l’occasion m’en est offerte.
L’avenir ?
Goethals : – D’après les échos que j’ai eus, on s’oriente vers une certaine forme de continuité. C’est positif. Les dirigeants du BNT vont devoir faire une évaluation. Personnellement, j’estime avoir réalisé du bon boulot, mais je comprendrais qu’on me dise : –Monsieur Goethals, vous avez effectué deux tentatives et vous avez échoué ! Dans ce cas, je m’effacerais, pas de problèmes. Mais je tiens tout de même à rappeler que, chez les hommes, Eddy Casteels est en place depuis près de dix ans et qu’à force de travail et de persévérance, il a fini par mener les Belgian Lions là où ils sont. La continuité, au niveau du staff et des joueuses, serait pour moi la meilleure solution. Si l’on enlève Sofie Hendrickx et Laurence Van Malderen, le groupe actuel a une moyenne d’âge qui dépasse à peine les 20 ans. Ces joueuses ont donc encore une importante marge de progression. Elles vont progresser en disputant le championnat de Russie ou de France. Noémie Mayombo va poursuivre à Novossibirsk, Julie Vanloo va disputer sa deuxième saison à Mondeville, Antonia Delaere va rejoindre Saint-Amand-les-Eaux et Sofie Hendrickx va tenter sa chance à Toulouse. Emma Meesseman va découvrir le Spartak Moscou, j’espère qu’elle aura l’occasion de défendre les couleurs belges dans les années futures. On aura sept ou huit joueuses actives à l’étranger et quelques-unes qui resteront en Belgique, avec un statut amateur mais un régime qui s’apparente à celui des professionnelles. Derrière, dans les sélections de jeunes, il y a du talent également. J’espère que les filles reviendront en équipe nationale avec l’ambition de se qualifier pour l’Euro 2017 et pas simplement de gagner quelques matches. J’espère aussi, forcément, qu’il y aura moins de désistements lors de la prochaine campagne, pour blessure ou autre raison. Laurence Van Malderen m’a avoué qu’elle comprenait certaines joueuses qui, à force de promesses non tenues dans le passé, n’ont plus envie de jouer pour les Belgian Cats. C’est pour cela que la continuité est importante pour l’avenir.
Une continuité qui, dans votre cas, ne se limite pas aux 15 mois passés à la tête des Belgian Cats mais qui remonte à votre période chez les U16…
Goethals : – C’est vrai que, jadis, j’ai coaché pas mal de joueuses actuelles dans les sélections de jeunes : Emma Meesseman, Julie Vanloo, Antonio Delaere, les sœurs Mayombo… Quelque chose s’est construit depuis des années et j’espère qu’après les fondations, on pourra bientôt construire le toit.
Daniel Devos