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World Cup Qualifiers

La Mons Arena réussit bien aux Belgian Lions

Et si la mons.arena devenait la salle fétiche des Belgian Lions, comme le Lange Munte de Courtrai est devenu celle des Belgian Cats ? Il y a deux ans, juste avant le confinement qui avait incité la FIBA à organiser des ‘bulles’ pour les ‘fenêtres’ suivantes, ils y avaient battu la Lituanie. Ce dimanche, juste avant que les mesures décrétées par le gouvernement n’entrent en vigueur, ils y ont battu la Serbie. « Et ceci est encore un exploit bien plus grand que le succès contre la Lituanie », affirme Dario Gjergja.

Un exploit qui a déjà fait parler aux quatre coins de l’Europe du Basket. Basket Europe évoquait, dès le dimanche soir, « une nouvelle à sensation qui arrive de Mons. »

Si les Serbes, comme les Lituaniens à l’époque, étaient privés de leurs joueurs NBA et d’Euroleague, il y avait quand même un certain Milos Teodosic dans leurs rangs. Il n’a pas commencé le match dans le cinq de base, mais dès son entrée au jeu, il a réussi un 3 sur 3 à trois points. « Quel joueur ! » s’exclame Gjergja. « J’espère qu’il jouera encore jusqu’à 50 ans, qu’on puisse continuer à l’admirer. Je ne peux même pas dire que nous avons mal défendu sur ces tirs à trois points. C’est la classe, tout simplement. »

Le plan initial était de coller Quentin Serron à ses basques. « Mais il était malade », précise Gjergja. « Il toussait depuis quelques jours. Il n’a pas le Covid, rassurez-vous. C’est un simple rhume mais il était forcément diminué. Du coup, d’autres joueurs ont dû se coller à Teodosic, comme Alex Libert ou Jean-Marc Mwema. »

A la mi-temps, les Belgian Lions étaient mal embarqués. Ils étaient menés 29-41, n’avaient obtenu aucun lancer franc (signe qu’ils avaient des difficultés à attaquer l’anneau) et n’étaient guère précis à distance (3 sur 13 à trois points, soit 23% de réussite). « Rien ne fonctionnait », confirme Gjergja. « Nous manquions d’adresse, nous étions en difficulté sur le pick and roll… »

Mais ils ont entamé la deuxième mi-temps par un 9-0. « Et cela nous a clairement donné un boost », reconnaît Sam Van Rossom, qui a inscrit 20 points pour son retour en équipe nationale après deux ans d’absence et qui a directement été désigné capitaine. « Même lorsque j’ai dû respecter mes obligations avec Valence et jouer l’Euroleague, j’ai toujours continué à suivre les performances de l’équipe nationale et je suis très heureux de revenir. »

Si la Belgique se qualifiait pour la Coupe du Monde 2023, ce qui serait une première, ce serait l’apothéose de la carrière internationale du distributeur gantois désormais âgé de 35 ans. Et, depuis ce dimanche, cette qualification est devenue un peu moins utopique. Si le large succès en Slovaquie nous permettra sans doute de terminer parmi les trois premiers et donc d’accéder au tour suivant, le succès contre la Serbie nous permettra d’aborder ce deuxième tour dans de meilleures conditions. Car, ce succès-là, nous l’emporterions avec nous pour ce deuxième tour. Parce que la Serbie va évidemment se qualifier également, c’est une certitude. « Lorsque nous nous rendrons en Serbie pour le match retour (ce sera le 3 juillet 2022, ndlr), lesSerbesdisposerontprobablementde leursstars », estime Gjergja. « Mais le succès conquis ce dimanche nous donnera plus de confiance pour les affronter. »

Ce succès, le public a heureusement pu y assister. Mais il s’en est fallu de peu. Si le gouvernement avait décidé d’appliquer directement les mesures prises pour les sports en salle, comme il l’a fait pour les discothèques, au lieu de les mettre en vigueur à partir de ce lundi, le match aurait eu lieu à huis clos. Cette fois, le public en a bien profité. Dix minutes avant le coup d’envoi, il y avait encore une longue file de 50 mètres à l’extérieur de la salle : des gens qui attendaient de pouvoir entrer après avoir présenté leur Covid Safe Ticket. Parmi la foule, beaucoup de supporters serbes. Qui, pour la plupart, habitent en Belgique ou dans un pays limitrophe, mais on s’aperçoit directement que pour les ressortissants des Balkans, le basket est une religion. Lorsque le speaker a demandé au public de montrer ses couleurs, les drapeaux serbes étaient majoritaires. Mais il n’y a eu aucun incident, et c’est à souligner, alors que les deux clans étaient mélangés. Quelle différence avec le football, où des barrières nadar sont systématiquement installées pour empêcher les supporters d’avoir le moindre contact avec le clan adverse.

Ils ont pu constater que la Belgique a bien réussi la transition vers la génération suivante. Qu’est-ce qu’Ismael Bako a progressé ! 14 points, dont un dunk stratosphérique, 11 rebonds et 5 assists en 35 minutes… Qu’est-ce que Retin Obasohan a pris comme envergure ! 10 points, 2 rebonds et 3 assists en 35 minutes également… Et dire que des garçons comme Emmanuel Lecomte, Loïc Schwartz et Jean Salumu manquaient à l’appel…

Rappelons que Les Belgian Lions avait entamés le tournoi de qualification pour la Coupe du Monde 2023 par une victoire indispensable en Slovaquie : 57-83. Une victoire qui s’est cependant dessinée sur le tard, car à la mi-temps, ils ne menaient que 35-36.

Deux victoires contre la Slovaquie nous assureraient quasiment de la troisième place et donc d’une qualification pour le deuxième tour, mais le chemin vers le Japon, les Philippines et l’Indonésie serait malgré tout encore long. Lors de ce deuxième tour, on emmène en effet les points du premier tour, et en cas de défaites contre la Serbie et la Lettonie, nous débuterions donc avec zéro point. Autant dire les chances de se rendre en Asie seraient grandement compromises.

A Levice, dans l’atmosphère glaciale d’une salle vide vu le confinement instauré en Slovaquie, Alex Libert a guidé les Belgian Lions vers le succès avec 17 points, en compagnie de Sam Van Rossom (14 points) qui retrouvait la sélection après deux ans d’absence.

Dario Gjergja a cependant tenu à clôturer sa conférence de presse par une nouvelle plus triste : « Toutes mes pensées vont à Stevan Jelovac. J’espère d’abord qu’il survivra, et qu’il pourra au moins mener une vie normale, à défaut de pouvoir reprendre le basket au plus haut niveau. » Le centre serbe (2m08, 32 ans) a été victime d’un accident vasculaire cérébral à l’entraînement de l’AEK Athènes. Il venait de reprendre les séances individuelles après une blessure à la cheville qui l’avait forcé à rester sur la touche pendant deux semaines. Aux dernières nouvelles, son état est jugé stable mais grave.

Daniel Devos

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