Il y a un an, Basketball Belgium organisait une conférence de presse pour fêter Emma Meesseman et Kim Mestdagh, tout juste couronnées championnes de WNBA, à leur retour des Etats-Unis. Ce lundi, c’était au tour de Julie Allemand d’être fêtée à sa descente d’avion. Elle n’a rien gagné sur le plan collectif, puisque l’Indiana Fever a terminé 11esur 12 et ne s’est pas qualifié pour les play-offs. En revanche, sur le plan individuel, elle a brillamment réussi sa première saison en WNBA : 8 points, 5 assists et 3 rebonds de moyenne. Et le 3eplus gros temps de jeu de la ligue.
« Je ne m’attendais pas à jouer autant », explique-t-elle. « Mais tout s’est bien mis en place dès le départ. La meneuse titularise, Erica Wheeler, a été touchée par le coronavirus et n’a pas pu s’aligner. Du coup, je suis moi-même devenue la meneuse titulaire, et cela a changé beaucoup de choses : au lieu d’être la rookie qu’on lançait épisodiquement au jeu, et qu’on retirait à la moindre erreur, je me suis retrouvée aux commandes avec la quasi-certitude que je quitterais très peu le terrain, et j’ai pu jouer sans me poser de questions. »
Elle a découvert un jeu très différent du jeu européen. « Individuellement, toutes les joueuses sont beaucoup plus fortes que moi. Et il n’y a pas de pressing tout terrain. Au point que, lorsque j’ai voulu en exercer un, mon coach m’en a dissuadé. Cela m’a peut-être permis de garder une certaine fraîcheur en attaque, d’où la précision de mes tirs. »
Mais il n’y a pas que la fraîcheur : elle a aussi beaucoup travaillé son tir à trois points. « Souvent 1.000 shoots par jour. »
Elle a su se faire apprécier. « Plusieurs joueuses m’ont dit qu’elle avait apprécié de jouer avec moi. J‘ai gagné le respect. Je pense que c’était la bonne année pour débuter en WNBA. Il y a trois ans, et même l’an passé, je n’aurais pas été prête. Je sais que j’ai encore des aspects de mon jeu que je dois améliorer, comme la défense en un-contre-un, mais pour une première expérience, ce n’était pas mal du tout. »
Elle a même été nominée pour le titre de Rookie de l’Année. « Mais, dès le départ, je ne me suis fait aucune illusion. Il y a une autre Rookie, américaine de surcroît, qui a de meilleures chances de l’emporter car les votants accordent beaucoup d’importance au scoring. »
Jule Allemand a vécu une expérience un peu spéciale, dans la bulle de Bradenton. « Il y avait toutes les mesures Covid, mais aussi les actions menées contre le racisme. Pendant ces trois mois, j’ai grandi sportivement mais aussi humainement. »
Désormais, c’est le retour en Europe, et plus précisément à Montpellier, son nouveau club. « Qui a décidé ne de pas s’inscrire en Euroleague, suite aux restrictions de voyage imposées par le coronavirus. « D’un côté c’est dommage, de l’autre côté c’est peut-être une bonne chose de n’avoir qu’un match par semaine, car cela va me permettre de travailler davantage individuellement. J’aimerais faire plus de musculation, par exemple. Je n’ai jamais travaillé au quotidien avec Thibaut Petit, si ce n’est épisodiquement pendant un stage. Je n’étais encore présente à Braine lorsqu’il a coaché le club brabançon. Avec Montpellier, on visera le Top 3, en sachant que Lyon et Bourges ont un budget supérieur au nôtre. »
Et l’année prochaine ? « Le coach m’a déjà dit qu’elle aimerait encore pouvoir compter sur moi. Même pour un mois. Elle sait que je donnerai la priorité à l’équipe nationale. J’espère vraiment que les Jeux Olympiques pourront avoir lieu, l’an prochain à Tokyo. Mais, si c’est le cas et que je participe également à l’Euro, ce sera difficile d’encore traverser l’Atlantique. Je ne pourrai pas faire les trois. On verra bien, pour l’instant on nage en pleine incertitude. »
DanielDevos