L’article date déjà d’il y a un mois, mais nous ne résistons pas à l’envie de le publier, à l’heure où les Belgian Cats s’apprêtent à disputer la dernière phase des qualifications pour l’EuroBasket 2019, en Allemagne et contre la République Tchèque. Il est signé Paul Nilsen, un éditorialiste de la FIBA et de FIBA Europe, spécialisé dans le basket féminin. Sous le titre « The day Belgium Saved Women’s Basketball », il écrit notamment ceci :
Quelque chose de spécial s’est produit à la Coupe du Monde 2018 à Ténériffe. Quelque chose de très spécial : la Belgique a sauvé le basket féminin.
Je suis les matches féminins depuis plus d’une décennie, à tous les niveaux, et certains détails m’ont interpellé. Parmi ceux-ci : la mort des shooteuses, le désir inexplicable de tout un chacun de devenir un small forward, de jouer des 1 contre 1, ou de tenter un jump-shoot alors qu’une coéquipière est isolée sous l’anneau.
Or, c’est précisément ce qui rend le basket féminin spécial et le différencie du basket masculin.
C’est pourquoi, quand j’ai vu ce match contre la France, je me suis dit que toute personne impliquée dans le basket féminin a dû crier « Eureka ». Je dis bien toute personne. J’inclus les joueuses, les coaches, les jeunes, les fédérations, la FIBA, la presse, les gens du marketing… Oui, tout le monde.
J’ai rarement (pour ne pas dire jamais) vu le basket joué avec une telle beauté. La Belgique a atomisé la France en quart de finale en produisant les 20 minutes les plus époustouflantes qu’il m’ait été donné de voir dans le basket féminin.
Je me suis rendu compte à quel point ce moment était spécial lorsque certains collègues, qui n’apprécient pas particulièrement le basket féminin, ont ouvert tout grand leurs yeux, pleins de surprise et de joie. Pas encore totalement convaincus, mais découvrant, au moins cette fois-là, les possibilités d’un sport que moi (défenseur du basket féminin) j’essaie de promouvoir chaque jour.
La Belgique a joué avec tellement de flair et d’expression, avec tellement de conviction, avec des fondamentaux parfaitement maîtrisés, de la liberté et du collectif, que c’en était devenu de la poésie en mouvement. Une sorte de rêve, une bouffée d’air frais, pour laquelle nous devrions tous êtres reconnaissants.
Avec son basket qui est un régal pour les yeux, la Belgique a ouvert l’imagination de tous, en démontrant ce que le basket féminin pourrait et devrait être.
La Belgique a sauvé le basket féminin. En particulier, parce que cette performance n’était pas l’œuvre des Etats-Unis. Avec tout le respect : c’était « seulement » la Belgique.
Ce point est très important car très peu de fédérations pourront désormais avancer des excuses pour continuer dans la voie d’un basket ennuyeux. J’admets que reproduire le jeu de la Belgique n’est pas aisé. Il y avait tellement d’habileté technique et de gestes artistiques dans ce qu’elle a montré sur le parquet de Ténériffe. Et elle ne l’a pas fait seulement en quart de finale.
Ironiquement, c’est la France qui a fait les frais de cette prestation. Une nation à qui j’ai souvent demandé de perdre son style robotique et d’introduire un peu d’amour du basket dans le cœur de ses joueuses. La France mérite du crédit pour ce qu’elle a accompli, pour son investissement dans le basket féminin et pour sa croissance en termes de participation. Mais elle devrait regarder son voisin et se demander quelles excuses elle pourrait encore avancer pour ne pas s’inspirer de son approche. Elle a du talent en suffisance, et avec un peu de tact, elle pourrait développer un jeu similaire à celui de la Belgique. Je serais alors son plus grand supporter.
Le point le plus important, concernant la Belgique, est peut-être le fait que son équipe soit constitué de joueuses à la morphologie et à la taille différentes. C’est un mélange très éclectique de joueuses, tant sur le plan physique que technique. C’est précisément cette fusion, cette alchimie, le coaching et le travail des joueuses, qui démontrent que les stars sont importantes, mais que l’équipe passe au-dessus de tout.
La Belgique a montré la voie, que beaucoup devraient suivre. Ou du moins, s’en inspirer.
Merci, la Belgique, pour avoir conquis mon cœur.
PaulNilsen