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Les Dames séduisent elles mieux que les Hommes ?

On a dû refuser du monde, hier soir, à la salle André Renauld, pour le quart de finale d’Eurocoupe entre Castors Braine et les Turques de Mersin : 1.650 spectateurs, dont certains debout faute d’avoir trouvé une place assise, et l’on promet encore davantage de monde en demi-finale puisqu’une tribune supplémentaire sera ajoutée.

Deux jours plus tôt, on se comptait dans les gradins du Forum d’Alost pour le match d’Eurochallenge entre Okapi Aalstar et les Roumains d’Energia Targu Jiu. Il y a trois semaines, on bâillait dans les tribunes – largement désertées – de la Mons Arena pour l’affrontement entre Belfius Mons-Hainaut et l’Enisey Krasnoyarsk. Même à Anvers, malgré la présence de nombreux supporters turcs lors de la venue de Trabzonspor, on était loin des 4.500 personnes ayant assisté à la rencontre de championnat contre Okapi Aalstar. Sans parler des 17.135 spectateurs qui avaient garni le Sportpaleis pour la Night of the Giants contre le Proximus Spirou. Même à Ostende, la direction doit mener des actions auprès des étudiants ou des couples pour remplir à moitié la Sleuyter Arena lors des matches d’Eurocoupe, alors que cette compétition propose de très belles affiches et de très beaux matches.

Pourquoi la Coupe d’Europe suscite-t-elle l’engouement chez les Dames et l’indifférence chez les Messieurs ?

Pour expliquer les vides dans les gradins lors des matches européens des Messieurs, on avance souvent l’argument des matches en semaine et de la méconnaissance des adversaires. Mais, le jeudi soir, Castors Braine joue aussi en semaine. Et l’équipe turque de Mersin est-elle connue du public belge ?

L’explication est donc ailleurs. Chez les Dames, il y a le sentiment (réel) d’assister à un événement : jamais une équipe belge de basket féminin n’avait été aussi loin en Coupe d’Europe. Il y a le côté convivial, aussi. Et l’ambiance : le public de la salle Gaston Reiff a l’impression de retourner 25 ans en arrière, lorsque les Castors disputaient la finale des play-offs contre Malines. La nostalgie joue donc son rôle. Même si, comme le dit Tony Marion, « il ne faut pas comparer le basket féminin et le basket masculin. »

Chez les Messieurs, les clubs belges ont sans doute trop tendance de copier l’adage de Pierre De Coubertin sur la scène européenne: « L’important est de participer. » Ils n’ont pas de réelle ambition, à l’exception peut-être d’Ostende. Certains dirigeants voient même d’un bon œil une élimination précoce, car ces campagnes sont chères, surtout au deuxième tour où l’on est confronté à de longs déplacements. En plus, les matches s’accumulent à cause de la longueur du championnat, et faute d’avoir un portefeuille extensible, les supporters sont amenés à faire des choix. Ils préfèrent donc donner leur argent pour un match de championnat du samedi soir, où ils pourront en outre traîner à la buvette après le coup de sifflet final, plutôt qu’à un match de Coupe d’Europe du mardi ou du mercredi, où leur équipe ne met généralement que son honneur en jeu.

Daniel Devos

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