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Historique : Les Cats qualifiées pour les JO 2020 !

« C’est énorme ! C’est un rêve qui se réalise ! »

C’est, à peu près, le discours que tenaient toutes les Belgian Cats, dimanche soir, au terme du tournoi de qualification olympique qui s’est tenu au Versluys Dôme d’Ostende.

Le rêve s’est donc réalisé : pour la première fois dans l’histoire du basket féminin, la Belgique pourra envoyer une équipe aux Jeux Olympiques. « Le couronnement de longues années de travail », se réjouit le manager de l’équipe nationale féminine, Koen Umans. Et pourtant, les Cats auront tremblé jusqu’au bout. Lors du match d’ouverture, contre le Canada, elles n’ont jamais pu développer le basket chatoyant auquel elles nous avaient habitué précédemment. Comme paralysées par l’enjeu. La défense canadienne était intransigeante, et avec Emma Meesseman muselée, ses coéquipières n’ont jamais été en mesure de prendre le relais. Les tirs ne rentraient pas, les pertes de balles étaient légion, les rebonds tombaient dans les mains adverses. Résultat : les Cats se sont retrouvées menées de 16 points. Et, même si elles sont parvenues à atténuer l’addition en fin de match, et se sont même rapprochées à -2 à trois minutes du terme, la victoire leur a échappé : 56-61. Leur premier joker avait été gaspillé.

Contre le Japon, en revanche, elles avaient retrouvé leur basket. « C’est peut-être parce que ce match n’était pas décisif qu’elles se sont libérées », pense Philip Mestdagh. « Une victoire ne nous apportait aucune garantie, mais une défaite ne nous condamnait pas. »

La circulation du ballon était fluide, les tirs extérieurs rentraient, la connexion entre Emma Meesseman et Jana Raman sous l’anneau faisait des dégâts dans la défense japonaise… Tout le monde se mettait au diapason : 23 points, 7 rebonds et 5 assists pour Emma Meesseman, évidemment, mais aussi 16 points, 6 rebonds et 4 assists pour Jana Raman, 16 points, 3 rebonds et 7 assists pour Julie Allemand, 14 points, 5 rebonds et 2 assists pour Kyara Linskens, 10 points, 2 rebonds et 2 assists pour Kim Mestdagh, 8 points pour Hanne Mestdagh, 5 points, 5 rebonds et 6 assists pour Antonia Delaere. Par moment, on avait retrouvé les Cats qui avaient ébloui le monde entier en quart de finale de la Coupe du Monde 2018, contre la France. Elles ont mené de 18 points à 74-56, avec un pourcentage de réussite exceptionnel : 71% à deux points et 42% à trois points. Mais les Japonaises, elles, étaient encore plus adroites. Surtout à distance. En désespoir de cause, elles se sont mises à mitrailler au-delà des 6m75. Et leurs missiles rentraient : 17 sur 37 à trois points, presque du jamais vu. Du coup, les Japonaises se sont rapprochées à -1 avec une bonne minute à jouer. Un vent de panique a soufflé sur le Versluys Dôme. Mais les Cats ont gardé la tête froide pour s’imposer 92-84 dans l’un des plus beaux matches de basket féminin qu’il nous ait été donné de voir. De quoi inspirer Paul Nielsen, l’éditorialiste de la FIBA qui avait écrit un article dithyrambique sur les Cats lors de la Coupe du Monde 2018, et qui était présent à Ostende ?

Malheureusement, cette victoire était d’autant plus belle qu’elle était… quasiment inutile. Sauf en cas d’égalité à trois, c’est en effet l’affrontement entre la Belgique et la Suède qui devait désigner le troisième qualifié les JO. Bonjour la pression ! Celle-ci était de retour, et cela s’est ressenti sur le parquet : plutôt que les Cats de la Coupe du Monde 2018, ce sont les Cats du Championnat d’Europe 2019 que l’on a retrouvé. La circulation du ballon avait perdu sa fluidité, les tirs ne rentraient pas (3 sur 11 à trois points à la mi-temps, 4 sur 15 au final) et les Suédoises captaient une quantité invraisemblable de rebonds offensifs (9 contre 1 à la mi-temps) qui leur offraient autant de deuxièmes chances. « Et puis, on manquait cruellement d’agressivité : 3 fautes d’équipe en 20 minutes, c’est impensable dans un match avec un tel enjeu », râlait Philip Mestdagh. Après 14-14 au terme du 1erquart-temps, les Suédoises ont pris les devants dans le 2equart-temps et se sont envolées à +7 : 16-23. Heureusement, un tir à trois points de Kim Mestdagh au buzzer ramenait les Cats à 21-23 à la mi-temps. « Une chance », soupirait Philip Mestdagh, « car si l’on était resté à -7 à la mi-temps, cela aurait pu devenir très compliqué. » Les Cats ont alors retrouvé leur basket et ont entamé la deuxième mi-temps par un 11-0 (et même un 16-0 à cheval sur les deux mi-temps, pour passer de 16-23 à 32-23). Elles avaient, cette fois, le match en mains, et n’allaient plus le laisser s’échapper (61-53, score final), même si les Suédoises se sont accrochées jusqu’au bout.

Des Suédoises qui, la veille, s’étaient pris 30 points dans la vue face au Canada. Avaient-elles bâclé ce match-là pour se concentrer sur celui face aux Belgian Cats, qu’elles savaient, elles aussi, décisif ? C’est possible. « C’est une équipe qui ne lâche rien », constate Philip Mestdagh. « Elles avaient déjà fait le coup à l’Euro : en quart de finale, elles avaient pris l’eau face à la Serbie, mais dans le match pour les 5eet 6eplaces, décisif pour la qualification au tournoi de qualification olympique, elles ont éliminé la Russie ! »

Une qualification laborieuse, donc, qui fait penser à Philip Mestdagh que ces Cats disposent encore d’une belle marge de progression. « A l’Euro, déjà, la plupart des joueuses étaient heureuses d’avoir décroché leur billet pour le TQO, mais si elles avaient « tué » le match contre la France en quart de finale, la voie royale vers la finale nous était peut-être ouverte, avec la perspective d’affronter la Grande-Bretagne en demi-finale. Ici, à Ostende, on a vu qu’elles devaient encore apprendre à jouer sous pression. C’est un pas supplémentaire à accomplir. »

Et c’’est ce qui laisse penser qu’à Tokyo, elles peuvent réaliser un bon tournoi. Car, là, les Cats n’auront rien à perdre et tout à gagner. L’essentiel a déjà été fait avec la qualification. Tout résultat supérieur serait du bonus. Pour elles, le plus important, c’est vraiment de participer, comme aurait dit le baron Pierre de Coubertin. Le mieux possible, bien sûr, mais surtout participer à cette grand-messe du basket mondial, le tournoi le plus prestigieux qui soit pour des sportives, plus prestigieux encore que la Coupe du Monde.

« Nous pouvons oser envisager Tokyo avec une saine ambition », confirme Philip Mestdagh. Qui devrait emmener aux Jeux la majorité des joueuses qui ont forgé cette qualification. « La porte n’est pas fermée pour Julie Vanloo », affirme-t-elle cependant. « A elle d’effectuer les bons choix de carrière. Hind ben Abdelkader ? A partir du moment où elle refuse la sélection, pour un soi-disant problème avec la fédération, elle s’exclut d’elle-même. Céleste Trahan-Davis ? Cela dépend du gouvernement, pas de nous. Quant aux jeunes : elles ne sont pas encore prêtes. Elles doivent apprendre à se faire mal, à en faire plus, à ne pas croire qu’elles sont arrivées parce qu’elles sont devenues professionnelles en D1 belge. C’est un travail au quotidien. J’ai beaucoup de respect pour toutes celles qui nous ont rejoint, en 2015, pour ce stage dans les montagnes de Slovénie. C’est là que tout a commencé. A l’époque, il fallait encore faire preuve d’une grande force de persuasion pour convaincre les joueuses de rejoindre l’équipe nationale. Lorsqu’on leur posait la question, la réponse était généralement : « Sorry, j’ai déjà réservé mes vacances ! ». Ou encore : « Nous allons être payées ? Non ? Alors, je préfère un job d’étudiant, j’ai besoin d’argent. » La plupart des joueuses actuelles faisaient partie de ce groupe et ont grandi. Emma Meesseman n’était pas encore là. Julie Allemand non plus, elle jouait encore en U16 ou en U18. Mais les autres, oui. »

Le premier succès a été la qualification pour l’Euro 2017 à Prague. Le premier Championnat d’Europe en dix ans, avec d’emblée une médaille de bronze à la clef. Suivie d’une 4eplace à la Coupe du Modne 2018 à Ténériffe. Et d’une 5eplace au Championnat d’Europe 2019 en Serbie. Si l’on suit la courbe, la logique voudrait qu’après ces 3e, 4eet 5eplaces, nous terminions… 6eaux JO. Ce serait déjà formidable.

« Tout dépendra du tirage », affirme Philip Mestdagh. « Il y a de très gros pays, des habitués des JO, comme les Etats-Unis ou l’Australie, mais aussi des pays plus faibles, comme Porto Rico ou le Nigéria. Les quarts de finale me paraissent accessibles. Et là, si l’on évite les Etats-Unis ou l’Australie, tout est possible… Même contre la France, l’Espagne ou le Canada, on ne part pas battues d’avance. »

DanielDevos

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