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Laurent Monier : « Je me sens bien dans ce costume de T1 »

L’ère post-Serge Crevecoeur a débuté au Basic-Fit Brussels. Et elle a mal débuté. En championnat, les vice-champions de Belgique se sont inclinés 65-66 contre le Proximus Spirou – un écart minime qui, selon les observateurs, reflète mal la domination carolorégienne – et au troisième tour de qualification pour la FIBA Champions League, ils n’ont pas fait le poids face aux Allemands de Ludwigsburg : 86-60 en Allemagne et 50-75 à Neder-over-Heembeek.

Même au match retour, les Allemands ont pris le match très au sérieux malgré leurs 26 points d’avance. Après 2 minutes 30, c’était 7-5 en faveur du Brussels. Leur coach américain John Patrick a immédiatement demandé un temps mort : il n’appréciait pas ce laxisme défensif. Au cours des six minutes suivantes, le Brussels n’a plus inscrit que deux points : deux lancers francs, aucun panier de plein jeu. Ludwigsburg pratique un pressing tout terrain, très exigeant au niveau physique : « Mais nous avons les joueurs pour pratiquer ce genre de jeu », précise John Patrick. « Notre effectif est étoffé et je peux effectuer des rotations. Cela ne m’effraie pas malgré le programme surchargé qui nous attend : il nous reste – au moins – 14 matches sur la scène européenne et – au moins – 38 matches dans le championnat d’Allemagne. Avec la qualification pour la FIBA Champions League, un premier objectif est atteint. En Bundesliga, il n’y a pas d’objectif précis, sinon celui d’aller le plus loin possible. »

La Bundesliga est devenue une compétition très relevée. Très américanisée, aussi. En fait, elle rappelle un peu la période « faste » du championnat de Belgique, au début du siècle, lorsqu’on construisait de grandes salles un peu partout et que les joueurs américains faisaient la pluie et le beau temps, mais a aussi mené la moitié des clubs à la faillite. Sauf qu’en Allemagne, on a les moyens.

Et le Brussels ? Faut-il s’inquiéter ? Laurent Monier, l’ancien adjoint de Serge Crevecoeur, a pris le relais, dans un souci de continuité. Le costume de T1 est-il trop grand pour lui ? « Pas du tout », rétorque-t-il. « Je me sens bien dans ce costume. A part un début de grippe qui m’affaiblit un peu, mais cela n’a rien à voir avec le basket… »

Et on peut le croire. Si le Brussels n’a pas encore gagné, ce n’est pas nécessairement la faute de Laurent Monier. On doit aussi se demander si l’équipe dont il dispose est aussi compétitive que celle de la saison dernière. Et, pour l’instant, la réponse est clairement : non. Le recrutement étranger apparaît un peu léger, en particulier dans le chef de deux joueurs. Contre Ludwigsburg, le pivot Dejan Kravic – qui n’a d’ailleurs joué que 3 minutes 30 – n’a inscrit que deux points (un tip-in sur un rebond offensif). Et l’ailier lituanien Osvaldas Matulionis a multiplié les erreurs : 0 sur 6 aux tirs, 4 pertes de balles. Simple souci d’intégration, qui sera résolu avec le temps, ou niveau insuffisant ?

SI Jeremy Simons et K.T. Harrell ont tiré leur épingle du jeu, le Brussels a surtout été porté par ses joueurs belges. Et c’est inquiétant. Cela peut se comprendre à Ostende, où tous les joueurs belges sont internationaux, mais pas dans l’équipe de la capitale.

Il y a eu des satisfactions, cependant, et elle émane des jeunes. Laurent Monier a profité d’un match « sans enjeu réel », vu la qualification utopique, pour leur offrir du temps de jeu. Et ils ont montré de belles choses. En 20 minutes, Jonas Foerts n’a pas marqué mais a capté 5 rebonds. Son frère cadet, Niels Foerts, a joué 10 minutes. Il a inscrit 2 points et a surtout montré qu’il n’avait pas froid aux yeux. Il s’est même, en certaines occasions, montré téméraire en s’infiltrant dans la défense allemande. On a même vu, pendant deux minutes, le tout jeune Gijs Lambrechts, qui joue en double affiliation avec le Finas Geel en TDM2B.

En l’absence d’Augustas Peciukevicius, Laurent Monier a aussi expérimenté Maxime Depuydt à la distribution. « En Allemagne, il s’est bien débrouillé. Chez nous, c’était plus brouillon. En principe, ce n’est que temporaire. Mais on ne sait jamais : cela peut toujours servir. »

Laurent Monier essaie-t-il de copier Serge Crevecoeur ou apporte-t-il sa touche personnelle ? « Vous savez, j’ai vécu les quatre années en D1 aux côtés de Serge et j’ai adhéré à son projet. Donc, je ne vais pas tout révolutionner. En défense, il y a encore des erreurs à corriger. Et en attaque, il y a de nouveaux automatismes à trouver. Avec Domien Loubry qui a joué pendant trois ans avec Brandon Ubel, c’était facile sur les ball screens : ils se trouvaient les yeux fermés. Mais Ubel n’est plus là. Il faut aussi encore intégrer Brandon Peterson. »

La saison est encore longue. « De fait : il reste 35 matches de championnat avant les play-offs. »

Laurent Monier ne reprend pas nécessairement l’équipe au moment le plus facile. Avec le titre de vice-champion conquis la saison dernière, la barre a été placée très haut. Et les attentes sont grandes. Peut-être pas dans le chef des dirigeants, qui restent réalistes, mais sans doute dans le chef des supporters et du grand public. « Vous savez, personne ne m’a demandé de terminer 2e », rétorque le nouveau coach. « Personnellement, mon ambition est d’amener l’équipe dans le meilleur état physique et mental vers les play-offs. A mes yeux, c’est plus important que l’avantage du terrain. La saison dernière, nous n’avions pas l’avantage du terrain non plus. Et regardez où nous sommes arrivés. »

Daniel Devos

 

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