19 heures, au Sportica de Gravelines. Il reste 1h45 avant le début du match contre Pau-Lacq-Orthez. Quentin Serron est le premier à pénétrer sur le parquet. Comme d’habitude, en vrai professionnel qu’il est. Quelques paniers de près, quelques floaters, quelques tirs à trois points qu’il enchaîne avec une belle régularité. « C’est un bon joueur, et ce qui ne gâte rien, c’est aussi un bon gamin », nous confie un bénévole du club.
C’est à ce moment que l’équipe de Pau-Lacq-Orthez débarque dans la salle. Khalid Boukichou aperçoit son ancien coéquipier ostendais et vient le saluer. La discussion ne s’éternise guère. « Q » est déjà dans son match.
Le BCM Gravelines-Dunkerque a raté son début de saison. Quatre défaites lors des quatre premières journées. L’Elan Béarnais, en revanche, a démarré en trombe : trois victoires pour une seule défaite, lourde dans les chiffres, au Mans qui balaie tout sur son passage actuellement.
Dans l’heure qui précède le match, Yannick Bokolo passe presque plus de temps dans le camp nordiste que dans le camp béarnais. Il a passé six années au BCM, pour quatre à l’Elan Béarnais où il évolue actuellement. Et, avec les distances à parcourir dans l’Hexagone, les possibilités de revoir les copains sont rares.
20h45. L’arbitre Eddie Viator et ses deux acolytes donnent le coup d’envoi. Ni Serron, ni Boukichou ne sont dans le cinq de base. D.J. Cooper, lui, n’est même pas dans la salle. Le MVP de la saison dernière a été transféré d’Orthez à Gravelines et devait donc rencontrer son ancien club, mais le début de saison raté des Maritimes ne lui a pas plu et il a demandé à son agent de se trouver un autre club ! Dans le petit magazine du BCM distribué dans la salle, il déclarait pourtant : « Si l’on veut renverser la tendance, le plus important est de rester soudé et d’être positif. » Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas montré l’exemple.
Après un lancer-franc orthézien, le BCM prend les devants et mène rapidement 6-1 (deux tirs à trois points) et même 8-1. Mais ce n’est qu’un feu de paille : quelques minutes plus tard, c’est 12-22, soit un partiel de 4-21. Serron et Boukichou font leur entrée en même temps sur le parquet. Khalid est impressionnant : il fait un chantier dans la raquette et tire même avec succès à trois points, mais se montre maladroit aux lancers-francs (1 sur 4). A 15-30, on croit le match déjà plié. La mi-temps est sifflée sur le score de 25-37. Boukichou a déjà inscrit 8 points. Serron, seulement 3. Mais il va inverser la tendance après la pause.
Car Gravelines ne lâche pas. A la faveur d’un 18-5, le BCM passe devant 43-42. Un chassé-croisé est alors entamé. « Q » donne un avantage quasiment décisif au BCM à deux minutes de la fin: 56-52 grâce à deux tirs à trois points. Le bénévole du club nous donne une tape sur l’épaule : « Il est là, le petit Belge ! » C’est lui, aussi, qui prend un rebond offensif déterminant à 20 secondes de la fin et qui adresse le dernier assist pour fixer le score final à 63-57. Serron est le héros d’un match qu’il termine avec 13 points à 100% de réussite (3 sur 3 à trois points et 2 sur 2 à deux points), plus 5 rebonds et 6 assists. Les deux Belges sont les deux meilleurs marqueurs de la rencontre : Boukichou termine aussi avec 13 points, mais il est dans le camp des vaincus.
Serge Crevecoeur est lucide à la conférence de presse : « On ne peut pas comparer cette défaite-ci avec celle du Mans, où l’on n’avait pas existé. Ici, on a contrôlé la première mi-temps mais on a craqué en deuxième. Gravelines nous a tapé dessus – excusez-moi l’expression – et on s’est laissé faire. Je savais qu’il fallait se méfier du BCM, malgré le départ de D.J. Cooper. Dans ces cas-là, généralement, on se serre les coudes et on réagit en équipe. Les Nordistes ont eu une belle réaction d’orgueil, avec un super Serron. Je suis content pour lui, même si j’aurais évidemment préféré gagner. »
Crevecoeur n’a pas beaucoup de temps. Des amis venus de Bruxelles l’attendent à la sortie de la salle. Ceux-ci sont aussi heureux de revoir Chris Dowe, l’ancien ailier du Basic-Fit Brussels qui a suivi son coach dans le Béarn. »
Et puis, après, c’est un long voyage qui l’attend. Car, oui : l’équipe de Pau-Lacq-Orthez rentre en bus, directement après le match. C’est autre chose qu’un déplacement à Ostende ou à Pepinster !
Daniel Devos